Un jour, un type qui a de fréquents trous de mémoire oublie le mot "labyrinthe" qui fait partie d'une histoire drôle qu'il raconte à ses amis. Bloqué dans son histoire, il s'en sort en remplaçant "labyrinthe" par un énoncé plus long : "un endroit aux longues allées et où une chatte ne retrouverait pas ses petits". Il achève son histoire drôle et à la fin, ses amis le félicitent pour ses talents de conteur : "Je me suis fait avoir, j'ai adoré ta façon de parler du labyrinthe !"
Morale de l'histoire : ce qui était un manque (le mot "labyrinthe") est devenu une source de création. Et même, le résultat est devenu meilleur que s'il n'y avait pas eu ce trou de mémoire.
Le making a beaucoup à tirer de cette histoire : au lieu de se plaindre à la façon "Je ne sais pas faire ceci donc je ne pourrai pas faire cela, donc mon projet tombe à l'eau", on peut voir en nos manques des possibilités d'aller vers d'autres pistes. Puisque je ne sais pas manier les scripts, je vais élaborer un super-système avec les variables et les événements ; puisque je suis nul en graphisme, je vais donner une profondeur psychologique si intense à mes personnages qu'on en oubliera presque que ce sont des RTP ; puisque je n'arrive pas à faire une map potable, je vais jouer sur un décor minimaliste et donner une importance extrême aux dialogues ; etc.
On dit que les aveugles, en raison de leur handicap, développent leurs autres sens au point de percevoir des choses que l'homme ordinaire ne capte pas faute d'attention. Il peut en être ainsi dans le making.
Cet article s'adresse à tous ceux qui voudraient renoncer trop vite à un projet commencé. Ne renoncez pas, transformez votre projet en autre chose.
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