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Kno - posté le 02/09/2022 à 22:07:57 (4274 messages postés) - admin

❤ 2

IV L'Empereur

Nouvelle vidéo de Fouloscopie sur des expériences de création collective... auxquelles j'ai participé. :banane
En plissant les yeux on peut me voir au dernier rang :D



Les groupes dans lesquels j'étais :

Expérience 2 : Le coup de fil - Groupe 2

C'est moi qui ai écrit la dernière phrases (en oubliant des mots... u_u).
Comme j'étais le dernier il fallait que j'essaye de conclure en connectant les différentes pistes laissés en suspend, c'est intéressant comme exercice.

Expérience 3 : Goutte à goutte - Groupe 2



C'est moi qui ai fait le carrelage moche. :kirby

Expérience 4 : Le dernier Homme - Groupe 2

Avec mon binôme on s'est occupé de la correction orthographique au début, et puis de la structure et la cohérence globale quand on a vu qu'il commençait à y avoir pas mal de morceaux éparpillés. C'était relativement simple parce que notre groupe était relativement "sage", même s'il écrivaient un peu chacun dans leur coin ils ont quand même assez vite adopté un lore commun, contrairement au Groupe 1 où ça avait l'air de partir un peu dans tous les sens.

J'ai écris un peu sur la fin pour faire des jonctions manquantes. Par exemple le passage où la protagoniste écrase le monstre : on avait un paragraphe où
elle trouve le buggy dans le garage et un autre où elle découvre le cadavre.

Il me semble aussi qu'à la base elle cherchait un véhicule juste pour quitter la ville, que le monstre passait par hasard au moment où elle sortait, et qu'après l'avoir tué l'idée de quitter la ville disparaissait sans raison. Du coup on a corrigé en indiquant que c'est spécifiquement pour tuer le monstre qu'elle cherchait le véhicule et qu'elle avait pas spécialement l'intention de quitter la ville.

Expérience 6 : La biographie - Groupe 2

Ni moi ni mon binôme ne connaissions bien Mehdi Moussaid, et vu que les autres avaient l'air sûr d'eux on les a laissés mettre des infos, et on s'est occupé de les classer par catégorie pour structures les documents et puis de rédiger des paragraphes avec.



J'avais le resto du midi inclus dans ma contrepartie, et j'ai eu la chance d'être à la même table que Mehdi. Ce mec est vraiment une crème et il est super intéressant. Ils nous a parlé des implications de sa chaîne Youtube vis à vis de son poste de chercheur, le fait que ça engageait indirectement l'image de l'université où il travaille, que tant ça renvoyé un bonne image l'Université est plutôt contente mais qu'il devait faire attention à éviter les drama et les shitstorms sinon ça pouvait vite lui retomber dessus.

Je suis venu ici pour corriger des bugs et botter des culs, et chez moi ça marche.

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Kno - posté le 29/08/2022 à 22:08:01 (4274 messages postés) - admin

❤ 0

IV L'Empereur

La formule "Tout est politique" c'est une hyperbole, il faut pas la prendre au pied de la lettre. Ce qu'il faut comprendre c'est que tout peut potentiellement prendre une dimension politique, même des choses qui nous paraissent anodine et allant de soi au premier abord.

"boire un verre d'eau c'est politique ?"
L'action en elle-même non, mais si on est en période de pénurie et qu'il y a un risque que tout le monde n'en ait pas, le fait d'avoir pu se procurer ce verre d'eau peut être politique. Et même hors pénurie, le fait d'avoir de l'eau courante potable au robinet, que l'eau du robinet soit dégueulasse et que tu sois obligé d'en acheté en bouteille, ou que tu n'ai pas d'eau courante du tout et que soit obligé de creuser des puits artisanaux pour t'en procurer, ça résulte de choix politique.

"La Terre qui tourne autour du soleil c'est politique ?"
Les lois qui régissent le mouvement des planètes ne sont pas décidées par les humains donc ils ne sont pas politique, par contre il y a eu une période de l'Histoire où affirmer que la Terre tournait autour du Soleil était extrêmement politique.

Comme dit dans mon message précédent, c'est surtout une question de contexte. Évidemment si tu te focalises sur une action très spécifique et purement personnelle, l'action en elle-même n'est pas politique. Mais le fait que tu sois en mesure de faire cette action (parce que tu disposes des biens matériels ou les infrastructures pour le faire, parce les lois ou les normes socio-culturelles de l'endroit où tu vis ne t'interdisent pas ou ne te dissuade pas de le faire) c'est très souvent une question politique.
Ou alors cette action peut en réalité ne pas être si personnelle que ça et avoir un impact sur la vie d'autres personnes sans qu'on s'en rend compte, et laisser les gens continuer à le faire librement malgré les conséquences ou les contraindre pour éviter ces conséquences est aussi une question politique. Comme le fait de prendre la voiture ou de consommer de la viande qui produisent du CO2, ou la diffusion de certaines œuvres ou contenus qui peuvent propager des idées néfastes à certaines personnes ou groupes de personnes.

Ulkunudu a dit:

Je parle avec mon expérience tout de même, ayant fait des études d'art et fréquenté des personnalités bourgeoises, discuter d'art avec certains et certaines était vraiment jouissif. Et même avec un médecin esthétique une fois ! Je n'ai pas cette image du bourgeois superficiel. Toi si ?


C'est quelque chose que j'ai entendu dire, mais ça concerne peut-être plus les classes moyennes-supérieures en fait.
Après le point important c'est que c'est le marché de l'Art qui a pris une valeur institutionnelle, en donnant une valeur artistique aux œuvres en fonction de leur valeur marchande.

Ulkunudu a dit:

C'est pas le fait qu'elle soit dessinée nue que je trouve degradant. Rose dans Titanic par exemple, je trouve pas ça dégradant, je trouve ça magnifique.
C'est la situation. Notamment le fait que des PNJs dans la rue lui feront des remarques méchantes ou misogynes. Là oui je trouve que ça pince le coeur de la voir humiliée, et j'y développe une forme de compassion.


D'accord. J'avais pas le contexte complet de ce partie du jeu.
Du coup je suis assez d'accord avec toi, le fait que des PNJ fasse des remarques misogynes après coup c'est intéressant, et c'est déjà une dénonciation de la misogynie en soit.

Je suis venu ici pour corriger des bugs et botter des culs, et chez moi ça marche.

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Kno - posté le 26/08/2022 à 16:34:52 (4274 messages postés) - admin

❤ 0

IV L'Empereur

Ulkunudu a dit:

N'importe qui peut s'auto-proclamer artiste non ? Il n'y a qu'à regarder les galeries d'art dans les rues ou les statuts d'intermittents, auto-entrepreneur etc. Avec à la clé des artistes qui se foutent royalement de la norme institutionnelle !


De nos jours oui, mais si on remonte dans le temps, le statut d'artiste a longtemps été conditionné au fait d'avoir pu se former dans une académie officielle et réussi son examen de sorti, d'avoir l'approbation du roi, le soutien d'un mécène, etc. C'est ça que j'entends par "institutionnel", il y a des institution comme les académie des arts ou le gouvernement qui définissent ce qui est de l'art ou ce qui n'en est pas.
Depuis, il y a eu des générations successives d'artistes qui ont transgressé les normes établies par ces institutions, au point que cette transgression est devenu, Et en parallèle le capitalisme s'est emparé de la culture populaire ce qui lui a donnée beaucoup plus de visibilité et d'impact. Cela dit il y a toujours des institutions qui promeuvent ce que , comme l'académie des oscars ou des césars qui distribuent des récompenses pour mettre en valeur le "bon cinéma", les galerie et les salons d'art réputés, etc. Et les galeries et les salons en question sont souvent possédés par des gens fortunés et ce qu'ils considèrent comme du "bon art" est souvent associé à une valeur marchande élevé, ils achètent des œuvres parce que ça donne une bonne image de les avoir chez soi, sans s'intéresser à leurs signification, si seulement il y en a une. Je pense que c'est ça Rots entends par "art bourgeois".

Ulkunudu a dit:

Et d'ailleurs je ne crois pas que l'élite artistique ait le monopole de l'institutionnel, l'art populaire est instituionnalisé aussi, comme tu le soulignes avec les normes d'inclusion :

Citation:

Par exemple ces dernières années il y a de vives polémiques sur le fait de ajouter des personnages "minorisés" dans les films, parfois en modifiant un personnage existant dans le cas d'une adaptation.


On définit la norme avant de produire une oeuvre.
On se retrouve avec des séries et des films populaires (par opposition à bourgeois) qui se ressemblent tous : une bande d'ados composée d'un noir, un roux, un handicapé, un homo, une fille, un geek etc. Or je trouve que ça limite fortement le champs de création.
Pourquoi ne pas simplement faire un film avec que des handicapés, ou des noirs qui se battent contre des roux, ou un film sans hommes... (Sans que ça ait nécessairement un lien avec l'histoire d'ailleurs). Je trouve que ça aurait beaucoup plus de saveur, et ça respecterait la diversité sociale et poserait des enjeux plus
Evidemment je sais que ce genre de film existe, je parle simplement de la norme.
Ca me fait penser à ces boites américaines qui produisent des musiques de bande-annonce. Les réals viennent se servir comme au supermarché. C'est totalement impersonnel et au final toutes les bandes annonces se ressemblent.



La diversité dont tu parles, on peut considérer ça comme une norme mais ça n'a rien d'institutionnel. Il n'y a aucun organisme que a décrété que si toute les minorités sont représentées c'est de l'art, et sinon s'en ai pas. C'est juste les grands producteurs audiovisuel comme Disney et Netflix qui se sont dit que c'était mieux pour leur image, et donc pour leur business, de faire ça comme ça.
Et je suis d'accord avec toi que c'est plutôt un frein à la créativité. D'ailleurs les militants qui défendent ces minorités dénoncent aussi cette diversité de façade qui est plus marketing qu'autre chose, et qui n'abordent pas du tous les problèmes que peuvent vivre ces minorités. Donc oui, je suis d'accord avec toi qu'il vaut mieux promouvoir des œuvres qui parle d'un groupe social spécifique et de son vécu, plutôt que de forcer une représentation exhaustive de ces groupes dans un seul film qui ne raconte rien d'intéressant.

Ulkunudu a dit:

Pour moi c'était pas juste une femme nue, c'était surtout le personnage principal de l'histoire tourné en ridicule. Un peu comme Cloud qui doit se travestir en fille à un moment du jeu de ff7. Ca aurait été bizarre de proposer aux autres persos de se travestir pour éviter des reproches misogynes ou sexistes. J'aurais trouvé ça politique avant artistique. Ce que j'appelais la propagande.
Le fait de torturer un personnage (à petites ou fortes doses, le tourner en ridicule ou le maltraiter), c'est une technique que je vois beaucoup en scenario pour le rendre attachant (compassion etc.). Donc ça ne me choque pas que CLoud soit travestit ou Irzyka dessinée nue.


Pour toi le fait qu'Irzyka pose nue c'est dégradant pour elle, et tu considères que ça va de soi que c'est dégradant, donc si tu montres ça tel quel les joueurs verront tous ça d'un mauvais œil et auront de l'empathie pour elle. Quelqu'un d'autre pourrait considéré que c'est pas évident pour tout le monde que c'est dégradant, et que si tu ne montres pas clairement de le jeu que ça l'est, ces gens auront l'impression que tu montres ça comme quelque chose de tout à fait anodin, et ça les confortera dans leur idée que c'est anodin et non dégradant. Donc il faut faire en sorte de le montrer clairement, pour essayer de convaincre les joueurs. C'est là que se trouve l'enjeu politique. Alors c'est possible qu'au final c'est toi qui ait raison, c'est un autre débat. Mais c'est pour ça c'est important selon moi qu'un artiste prennent le temps de se demander quel image renvoie son œuvre. Pas juste comment lui perçoit la chose, mais aussi comme les spectateurs sont susceptibles d'interpréter son œuvre. Est-ce que les choses qu'il considère comme négatives seront bien interprété comme négatives ? Est-ce qu'il ne prend pas trop à la légère un sujet sensible qui affecte beaucoup de monde ? Est-ce qu'il ne risque pas de promouvoir involontairement des choses qui sont condamnables ?

Après je comprends que tu parles aussi de se forcer à présenter les choses d'une certaines manières pour faire plaisir à ou ne pas froisser X groupes, et je suis plutôt d'accord que les artistes devraient créer leur œuvres en fonction de leurs convictions et ne pas se forcer à faire des choses à contre-cœur. Mais je pense qu'ils doivent aussi être attentif à pourquoi ces groupes critiquent certaines représentations, et être capable de faire évoluer leur visions du monde et leur œuvres quand ces critiques sont légitimes.

Ulkunudu a dit:

Comment tu définis la politique ? Je suis pas sûr de comprendre. Comme tu le dis, l'art est un moyen d'expression (partager ses idées, sa vision du monde etc.). De la même manière qu'engueuler un gamin qui frappe son ptit frère est un moyen d'expression pour imposer sa vision du monde "on ne frappe son ptit frère ptit batard !". Est-ce que ça devient alors de la politique ? Ou est-ce simplement une affaire de statut légal sur un bout de papier qui te définit comme artiste ?


Quand on dit "tout est politique" on définit la politique au sens large : tout ce qui est relatif à la mise en place et à l'application des règles conditions de cohabitations d'une population donnée et des groupes sociaux qui la composent. Dans l'exemple que tu prends, c'est juste deux individus qui sont concernés donc je parlerais plutôt d'éducation. Par contre si tu diffuses un contenu qui encourages les parents à ne pas laisser leur enfants se battre (ou alors contraire, que c'est normal pour des jeunes garçons de se battre, ça forge leur caractère et ça leur apprends la vie), tu en fais une règle plus général que tu encourages tout le monde (ou en tout cas un large groupe de personnes) à suivre, donc là ça devient politique. Après ce contenu ne doit pas forcément artistique, ça peut être une note d'humeur sur un réseau social, un article d’opinion dans un journal ou un blog, ou même si tu défends cette opinion dans une discussion avec d'autres personnes.

KB a dit:

Au sens de la définition de Kno c'est politique.
Si on veut décortiquer toute la phrase, il y a des formulations d'appartenance sociale ("ptit", "batard", "on ne"), et une injonction qui impose une vision du monde précise comme contexte.


Alors oui mais c'est une lecture politique de la façon dont il a formulé la question, c'est pas vraiment ce qu'il demande :p

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Kno - posté le 24/08/2022 à 14:02:24 (4274 messages postés) - admin

❤ 3

IV L'Empereur

Ulkunudu a dit:

L'art brut par exemple j'y vois rien de bourgeois, et ce n'est pas forcément politique : un enfant qui dessine une fleur parcequ'il trouve ça joli c'est par définition de l'art brut et je ne vois pas ce qu'il y a de politique


Alors je connaissais pas la notion d'Art brut, mais de ce que j'ai pu en lire, les dessins d'enfant n'en font pas partie, ni "l'art naïf" (créé par des adultes sans culture ou formation artistique), et ça désigne spécifiquement les œuvres produites par des populations marginale comme les malades mentaux ou les prisonniers.

Quoiqu'il en soit, le fait même de donner le statut d'art aux œuvres de personnes sans formation ou culture artistique est politique, puisque justement ça s'oppose à l'art bourgeois qui est un art institutionnalisé et élitiste où les classes dominantes définissent les codes du bon goût et s'en servent pour se placer au dessus de ceux qui ne maitrisent pas ces codes. Reconnaître l'art naïf et l'art brut c'est remettre en question cette hégémonie culturelle en établissant que tout le monde peut avoir une sensibilité ou des intentions artistiques, et que le respect de codes dépend uniquement des moyens (temps et argent) que l'artiste est en mesure d'invertir dans son art. C'est refuser que l'art servent de légitimation à une hiérarchie sociale.
A fortiori si on prend la définition strict de l'art brut puisque justement, on donne de la valeur à l'expression du point de vue et de la sensibilité de personnes marginalisées, qui sont habituellement dénigrées voire stigmatisées.

Ensuite, comme l'a fait remarqué KB, la valeur politique d'une œuvre, et surtout sa valeur politique perçue par le public, n'est pas intrinsèque (ce n'est pas forcément une volonté de l'artiste de lui donner cette valeur) mais fortement contextuelle. Par exemple ces dernières années il y a de vives polémiques sur le fait de ajouter des personnages "minorisés" dans les films, parfois en modifiant un personnage existant dans le cas d'une adaptation. Mais en réalité la tendance a commencé fin 1990/début 2000 sans que ça ne fasse autant réagir.
En fait la question de la représentation des minorités dans la culture populaire était déjà politique (des études sociologiques ont montré que le manque de représentation d'un groupe social dans le paysage culturel favorise la diffusion de stéréotypes concernant ce groupe, et donc la discrimination de ce groupe, tandis qu'une meilleure représentation permet de lutter contre ces stéréotypes), mais à l'époque les mouvements militants associés étaient moins visible. C'est avec l’émergence des réseaux sociaux qui leur a donné plus de visibilité que le public a pris conscience de la dimension politique de la question et a commencé à se positionner dessus.
Même chose pour l'histoire du portrait dans Aëdemphia qui a déclenché le débat. Il y a quelques années on aurait probablement tous vu le fait de faire poser une femme nue pour un tableau comme quelque chose de tout à fait anodin, et le fait de pouvoir proposer un homme nu à la place comme un blague un peu potache. C'est la prise d'ampleur du mouvement féministe qui nous a rendu conscience de la valeur politique de la sexualisation d'un personnage selon son genre. Mais l'influence que ça pourrait avoir sur nos représentations du monde à ce sujet auraient été la même dans les deux cas.
Dans le cas de Chopin, même si ses œuvres relevaient d'une expression purement personnelle de sa vie sentimentale, et pas d'une volonté de diffuser largement un message quelconque, au final elles sont certainement conditionnées par la vision qu'il a de la séduction, de la vie en couple et des relations homme-femme, et je pense qu'exprimer son point de vue sur les relations entre deux groupe sociaux est forcément politique.
Ce qui ne veut pas dire forcément polémique. Ce point de vue peut être conforme à un consensus profitable aux deux groupes en question, de sorte que personne n'y retrouve à redire (auquel cas c'est une bonne chose qu'il soit diffusé à travers une œuvre puisque il aide à propager et à rendre prédominante cet vision bénéfique).
Elle peut aussi être conforme à la vision dominante de l'époque, ce qui fait que le public la trouve anodin au point de ne même pas y prêter attention, même si elle est en réalité préjudiciable à l'un des deux groupes (voire aux deux). Mais dans ce cas elle peut être amené à devenir polémique si la vision dominante à laquelle elle se conforme est remise en question par des mouvements militants.

De manière général, diffuser une œuvre d'art c'est confronter sa vision du monde, son idéologie, a celle des autres et essayer de l'imposer (pas "imposer" au sens dur "obliger tout le monde à l'adopter", mais au sens "la revendiquer comme légitime, comme méritant d'être diffusée et partagée). Ce qui est forcément politique à mon sens. Ça peut ne pas être polémique suivant le contexte et l'idéologie dominante dans laquelle elle sort, mais c'est forcément politique.

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Kno - posté le 08/08/2022 à 19:55:59 (4274 messages postés) - admin

❤ 4

IV L'Empereur

Au sujet de Cigéo je viens de lire Le Droit du sol : Journal d'un vertige d'Étienne Davodeau

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C'est un bédéaste qui raconte son pèlerinage symbolique entre Pech Merl (dont les dessins rupestres sont vieux de dizaine de milliers d'années) et Bure (où les déchets de Cigéo vont rester radioactif pendant des centaines milliers d'années).
Son parti pris est ouvertement anti-Cigéo et j'ai trouvé assez agaçant ses envolées lyrique sur la randonnée qui lui permet de communier avec la Nature et avec l'homme de Cro-Magnon qui a laissé un gentil dessin aux générations futures, alors que l'homme moderne il a perdu le contact avec la nature et il va laisser de la méchante radioactivité aux générations future.
J'exagère un peu, c'est jamais présenté de façon aussi manichéenne, mais on tombe souvent dans cette approche New Age/Appel à la Nature.
La (face)palme revient à une sémiologue interrogé qui invoque Freud pour expliquer que l'enfouissement des déchets, c'est un peu comme un refoulement dans l'inconscience et que les pensées refoulements finissent par toujours par refaire surface tmtc.
Quand, au détour d'une case l'auteur évoque une autoroute qu'il a emprunté souvent pour rejoindre les pistes de randonnées du Massif Central, même si c'est de l'ad hominem un peu mesquin je ne peux pas m'empêcher de m'interroger sur le bilan carbone et énergétique de ses communions avec la nature.
Et à côté de ça les sujets qui pourraient être "à décharge" (sans mauvais jeu de mot :tirlalangue2) du projet Cigéo ne sont pas abordés. La question de ce qu'on fait des déchêts si on abandonne Cigéo n'est évoqué que très brièvement. L'expert interviewé reproche à Cigéo de présenté trop de risque par rapport aux déchets qui émettent de la chaleur et de l'hydrogène pouvant causer des incendies ou des explosions si jamais la ventilation tombe en panne (mais d'après la vidéo de Osons Causez, le problème fait l'objet d'une attention spécifique et d'autres solutions sont à l'étude), et selon lui il vaudrait mieux enfouir les déchets à flanc de colline pour pouvoir les garder à l'oeil et les évacuer en cas problème, et aussi parce que ça permettra de les avoir sous la main si on arriva à développer une technologie qui permet de les neutraliser et de les recycler.
Proposition qui me laissent franchement perplexe. D'une part on a aucune garantie qu'une technologie pour neutraliser les déchets puisse voir le jour. De l'autre on sacrifie toutes les sécurités offertes par le projet Cigéo uniquement sur la base du problème d'émission de chaleur et d'hydrogène sans pour autant proposé de véritable solution à ce problème, juste "on pourra mieux surveiller".
Et surtout, déjà que les gens sont réfractaire à l'idée d'un enfouissement à 500 mètres près de chez eux, ça m'étonnerait qu'ils soient enthousiasmés par une stockage en surface. Donc au final ça ne résout aucun problème.

Par contre la façon dont l'Andra essaye d'imposer le projet et la répression que subisse les opposants sont assez scandaleuse. Les témoignages de militants qu'il a recueilli sont consternant.
L'Andra a fait en sorte que les discussions avec le conseil municipal et le vote du projet se fassent en huis-clos en postant des gorilles à l'entrée de la mairie, malgré une ferme opposition des habitants. Et tandis que ceux-ci lançaient des recours juridique contre ce vote, l'Andra a commencé déboisé une partie du bois Lejuc qui se trouvent sur le site du projet, sans avoir d'autorisation. Ils ont quand même du s'arrêter quand le vote a été invalidé, mais ils continuent d'occuper le site, et ils ont commencé à arroser la ville de subvention pour leur tavaux de voirie, bien indiqué par des panneaux "Cet équipement a financé par le laboratoire de traitement des déchets radioactif".
Et l'Etat a pas hésiter à utiliser les dispositifs antiterroriste pour réprimer les militants, les mettre sur écoute, les assigner à résidences, les poursuivre pour crimes en bande organisée, et a envoyer des régiments de gendarmes pour déloger ceux qui occupent le site.
Maintenant le coin ça à l'air d'être Vichy, avec des policiers de partout, tu peux plus t'approche du bois de Lejuc sans te faire contrôler (ce qui arrive à l'auteur à la fin de la BD, vu que le bois Lejuc est l'objectif de son périple).

L'auteur a aussi des réflexions plus personnelles et plus touchantes sur le temps que perdurera son œuvre à lui (par rapport à la durée de vie du papier, des livres imprimés...) et aussi du rôle qu'il pourrait jouer en tant que dessinateur dans un projet comme Cigéo, vu que sur la question des avertissements qui puissent être compris par des générations éloignés, les experts en charge du sujet opteraient plutôt pour des dessins et des pictogrammes. Personnellement j'aurais préféré qu'il approfondisse plus ses sujets-là.

Et sinon ses dessins de paysages sont sublimes, on peut pas lui enlever ça.

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Kno - posté le 27/06/2022 à 01:29:45 (4274 messages postés) - admin

❤ 1

IV L'Empereur

Tadjélé, Récits d'exil
de Léo Henry, Jacques Mucchielli, Laurent Kloetzer et Stéphane Perger


image

Un recueil de nouvelles un peu disparates mais qui ont toute pour point commun la ville de Yirminadingrad, située dans les Balkans, quelque part sur la côte de Mer Noire (ou sur une île peut-être), qui a été rasée ou mise à sac à cause de l'instabilité politique de la région, forçant ses habitants à fuir. On passe d'une décennie à l'autre et d'un pays à l'autre à la rencontre de ces exilés ou de leurs descendants, des marginaux, des parias, des déracinés en quête d'identité.
Au fil dans nouvelles, on recueille des informations sur la ville de façon parcellaire et souvent contradictoire, ce qui lui donne un dimension mythologique, une sorte de Babylone des temps modernes avec sa numérologie cryptique (les nombres 7, 19 et 21 reviennent régulièrement dans les textes), ses légendes - un mythe fondateur, mais aussi des légendes urbaines qui lorgnent du côté des creepypasta (un vidéo viral, capturant un crime de guerre, qui change à chaque visionnage) ou de SCP foundation (un bunker sous le désert de Bara Yare où est retenu et étudié le patient 0 d'un virus qui détruit la mémoire).

J'étais un peu perplexe au début vis à vis de la succession un peu décousu, même si la première nouvelle, qui se passe juste après la destruction de la ville et raconte la fuite d'un petit groupe de rescapés à travers l'Europe de l'Est et la Sibérie jusqu'à États-Unis, est une bonne entrée en matière. Mais le recueil gagne en cohérence à mesure qu'on saisi le contexte, et l'impression qu'il laisse sur les dernières nouvelles et après l'avoir terminé est vraiment singulière.

Au final c'est un gros coup de cœur et je le recommande chaudement.

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