Une fois qu'on a trouvé la mélodie du siècle, et qu'on sait globalement quelle structure rythmique l'accompagnement aura, un problème se pose : quelles notes utiliser pour compléter l'harmonie ? Avec quels accords remplir notre structure rythmique pour mettre en place l'ambiance musicale désirée ?
Le tutoriel suivant rappelle d'abord le B-A-BA des gammes mineures et majeures, et explique comment construire les accords dont vous avez besoin pour votre harmonie.
Il ne s'adresse évidemment pas à des compositeurs expérimentés, mais à des débutants dans l'harmonie qui désirent faire sonner leur morceau juste.
I. Les gammes
En harmonie musicale savante occidentale, on divise l'écart entre deux notes consécutives de même nom (cet écart est appelé octave) en 12 demi-tons.
Il existe donc 12 notes (à la hauteur près) : Do Do# Ré Ré# Mi Fa Fa# Sol Sol# La La# Si.
Mettre un dièse sert à passer à la note d'après, mettre un bémol sert à passer à la note d'avant, conséquence : un ré bémol c'est pareil qu'un do dièse, et un mi dièse c'est un fa tout court.
A moins que vous ne vouliez vous lancer dans la musique dodécaphonique (qui soit dit en passant n'utilise absolument pas les mêmes règles de composition que la plupart des morceaux que vous connaissez) on n'utilise jamais toutes ces notes en même temps dans un même morceau !
On travaille pour chaque morceau avec un petit paquet de notes qui utilisées ensemble ont une certaine couleur musicale. Ce petit paquet de notes s'appelle une gamme.
Il arrive même qu'au court d'un même morceau on change de gamme pour changer de couleur justement.
1) LES GAMMES MAJEURES
Les gammes majeures sonnent joyeux, festif, fier.
La gamme la plus simple est la gamme de Do majeur : elle est constituée des touches blanches du piano (Do Ré Mi Fa Sol La Si Do).
Vous remarquerez qu'il n'y a qu'un demi-ton entre Mi/Fa et Si/Do, alors que pour tous les autres il y a deux demi-tons (c'est à dire un ton) à cause des touches noires.
Les intervalles de la gamme de Do majeur sont donc 1 1 0,5 1 1 1 0,5.
Et bien pour trouver toutes les autres gammes majeures, on part d'une note, et on applique les mêmes intervalles.
Voici la liste des gammes Majeures :
Je vous ai mis en rouge les plus utilisées car elles ont le moins d'altérations, et c'est chiant de se trimbaler avec des tonnes de dièses et de bémols partout.
Il existe aussi (par exemple) une gamme de Fa# Majeur, qui correspond à la gamme de Sol bémol Majeur ici présente, mais on la note avec trouzemille dièses plutôt qu'avec quelques bémols, alors je vous mets l'écriture en bémols pour la même raison de simplicité de notation.
Par nombre croissant de dièses, les gammes (diatoniques) majeures sont : Sol, Ré, La, Mi, Si, Fa# et Do#.
Les dièses qui apparaissent au fur et à mesure de ces gammes sont, dans l'ordre : Fa#, Do#, Sol#, Ré#, La#, Mi#, Si#.
Par exemple la première gamme majeure en dièses est la gamme de Sol Majeur et n'a qu'un dièse : le Fa# !
Par nombre croissant de bémols, les gammes majeures sont : Fa, Sib, Mib, Lab, Réb, Solb et Dob.
Les bémols qui apparaissent au fur et à mesure de ces gammes sont, dans l'ordre : Sib, Mib, Lab, Réb, Solb, Dob puis Fab.
Par exemple la première gamme majeure en bémols est la gamme de Fa Majeur, et n'a qu'un bémol : le Mib !
Dans la suite du tutoriel je vais appeler les notes d'une gamme "I II III IV V VI et VII" comme ça ce que je dirai sera valable pour toutes les gammes utilisées et pas seulement en Do majeur dans laquelle je donnerai mes exemples.
2) LES GAMMES MINEURES
Il existe aussi des gammes mineures qui sonnent triste, mélancolique, douloureux.
La gamme mineure la plus simple est la gamme de La mineur : elle est constituée des touches blanches du piano en partant du La au La suivant (La Si Do Ré Mi Fa Sol La).
"C'est la même gamme que la gamme de Do Majeur sale arnaqueur de médeu", me direz vous, mais pas tant que ça en fait !
En Do Majeur les accords seront construits par rapport au Do, ce que rendra la mélodie joyeuse, alors que par rapport au La, la mélodie sera triste.
De la même façon un morceau en Do Majeur se finit sur un Do, tandis qu'un Morceau en La mineur se finit sur un La, l'effet n'est pas le même car les notes n'ont pas du tout la même place par rapport aux autres.
Par exemple, dans ces deux morceaux, j'utilise exactement les mêmes notes (les notes blanches du piano), mais pourtant l'un sonne triste (La mineur) et l'autre joyeux (Do majeur) :
Bon, maintenant que vous êtes convaincus et que vous êtes en larme tellement le dernier morceau est triste et émouvant, on note les écarts de la gamme de La mineur qui sont : 1 0,5 1 1 0,5 1 1.
Vous pouvez recopier ces écarts en partant de n'importe quelle note et ça vous donnera la gamme mineure éponyme.
Voici la liste des gammes mineures qui n'ont pas trop de dièses ni de bémols :
J'ai mis en rouge les plus fréquentes.
Par nombre croissant de dièses, les gammes (naturelles) mineures se nomment : Mi, Si, Fa#, Do#, Sol#, Ré# et La#.
Les dièses qui apparaissent au fur et à mesure de ces gammes sont, dans l'ordre : Fa#, Do#, Sol#, Ré#, La#, Mi# puis Si#.
La première gamme mineure en dièses est donc la gamme de Mi mineur, elle n'a qu'un dièse : le Fa# !
Par nombre croissant de bémols, les gammes mineures se nomment : Ré, Sol, Do, Fa, Sib, Mib et Lab.
Les bémols qui apparaissent au fur et à mesure de ces gammes sont, dans l'ordre : Sib, Mib, Lab, Réb, Solb, Dob puis Fab.
La première gamme mineure en bémols est donc la gamme de Ré mineur, et n'a qu'un bémol : le Sib !
ATTENTION WARNING TRES IMPORTANT super compliqué MAIS TRES IMPORTANT QUAND MEME !
Il existe en réalité 3 types de gammes mineures, c'est beaucoup plus subtil que ça.
Vous n'êtes pas obligé de lire ce paragraphe si vous avez peur de ne rien comprendre.
Sur les 7 notes de ma gamme mineure (I II III IV V VI et VII), je peux augmenter d'un demi-ton la septième ! (ajouter un dièse ou supprimer un bémol existant naturellement)
Par exemple la gamme de La mineur (La Si Do Ré Mi Fa Sol La) devient "La Si Do Ré Mi Fa Sol# La" ; la gamme de Do mineur (Do Ré Mib Fa Sol Lab Sib Do) devient "Do Ré Mib Fa Sol Lab Si Do" !
Il est donc autorisé d'utiliser des Sol dièses en La mineur, des Si normaux (bécarres) en Do mineur etc.
La gamme n'a plus la même couleur par contre ! Tandis que la gamme mineure simple (dite naturelle) sonnait triste et mélancolique, cette gamme mineure à la septième augmentée (dite harmonique) sonne égyptien, douloureux, sale, malsain...
Je n'aime pas trop l'utiliser personnellement. Mais par contre elle a l'avantage (vu que les notes ne sont plus les mêmes) de ne plus se confondre avec la gamme majeure correspondante (relative).
En effet quand on compose en mineur "normal" (naturelle), on risque souvent de retomber dans le majeur si on ne fait pas attention ! Alors que quand on compose avec la septième augmentée (harmonique) c'est une sorte de sécurité pour bien rester dans l'esprit mineur.
Pour les mineures harmoniques, les écarts pour reconstruire les gammes sont : 1 0,5 1 1 0,5 1,5 0,5.
Si vous n'avez pas décroché, je peux vous donner le troisième type de gammes mineures, sinon passez à la suite.
On peut encore augmenter d'un demi-ton la sixième note de la gamme dont la septième a déjà été augmentée !
La gamme de La mineur (La Si Do Ré Mi Fa Sol La) devient "La Si Do Ré Mi Fa# Sol# La".
Par contre ces gammes mineures là je vous conseille de les utiliser autant que les gammes mineures naturelles ! Elles sonnent aussi triste et mélancolique, mais avec un sentiment d'inéluctable et de mystère ! Excellente couleur que je vous recommande de travailler ! La saleté et la malsainité de la gamme harmonique a disparu grâce à la dispersion mieux répartie des écarts.
Les écarts pour reconstruire ces gammes aux sixièmes et septièmes augmentées (dites mélodiques) sont : 1 0,5 1 1 1 1 0,5.
Bon, on a fini le tour des gammes, le plus dur est fait.
Si bien sûr vous ne vous souvenez pas de toutes les gammes majeures et mineures vues, et que vous avez la flemme de les reconstruire avec les écarts pour trouver qui a quels dièses et quels bémols, je vous conseille de consulter ce site : http://www.theoriedelamusique.com/pageprincipale.html aux rubriques "gammes diatoniques majeures", "gammes mineures naturelles", "gammes mineures harmoniques" et "gammes mineures mélodiques".
II. Les accords
Il faut savoir que les petits accords élémentaires formés par deux notes apparaissent mathématiquement dans les accords complexes riches, et leurs effets produits simples respectifs (joie, suspens, tristesse, danger...) viennent s'ajouter pour former des couleurs beaucoup plus diverses et variées.
L'esprit d'un morceau, les sentiments provoqués par une musique sont en fait composés de tous ces petits accords élémentaires placés dans un ordre précis par rapport à la note fondamentale de l'accord.
On peut ainsi mélanger de la tristesse avec du suspens et de la douleur pour faire une mélancolie profonde et lourde d'une couleur particulière blablabla cuicui les petits oiseaux.
a) ACCORD MAJEUR
L'accord majeur est le plus important dans la composition majeure. Il donne son caractère joyeux au morceau. Il conclut en accord majeur de tonique le morceau et termine les phrases mélodiques car il est le plus stable des gammes majeures. Il sonne joyeux et serein.
Pour le construire, on part d'une note, on ajoute la note 4 demi-tons plus haut, puis la note encore de 3 demi-tons plus haut.
La première note avec la troisième forme en plus un accord à 7 demi-tons qui est majestueux/château.
L'accord est donc heureux, majestueux, avec une pointe de mélancolie pour apporter de la sérénité, de la stabilité.
Il correspond aux notes I, III et V d'une gamme majeure en partant de la note I et en construisant par dessus (accord de Do majeur : Do Mi Sol).
La note I d'une gamme, dont les degrés I III et V forment justement un accord, est appelée note fondamentale de l'accord. Elle donne son nom à l'accord, et la sensation produite par l'accord dépend de la place des accords élémentaires par rapport à cette fondamentale. Empiler des écarts élémentaires identiques à partir de la fondamentale, mais dans un ordre différent, aura des effets complètements différents, car tout s'organise par rapport à la fondamentale.
b) ACCORD MINEUR
L'accord parfait mineur est le plus important dans la composition mineure. Il donne son caractère triste au morceau. Il conclut en accord mineur de tonique le morceau et termine les phrases mélodiques car il le plus stable des gammes mineures.
Pour le construire, les écarts sont de : 3 demi-tons puis 4 demi-tons, à partir de la note fondamentale de l'accord. C'est le contraire de l'accord majeur en terme de construction, il est aussi stable, mais la tierce mineure est placée plus en avant que la tierce Majeure par rapport à la fondamentale, ce qui fait que le côté douloureux/triste l'emporte.
Il correspond aux notes I, III et V d'une gamme mineure en partant de la note I (accord de Do mineur : Do Mib Sol ; accord de La mineur : La Do Mi)
Les accords peuvent être renversés, donc tout accord ne comprenant que Do Mi et Sol dans n'importe quel ordre sonnera joyeux, et tout accord ne comprenant que La Do et Mi dans n'importe quel ordre sonnera triste.
Il existe d'autres accords riches, mais qui eux sont instables. Ils peuvent exprimer la crainte, la menace pesante, le dangers, la mystère, le suspens, la folie...
Ils ne font que des instabilités passagères car ils permettent de retomber sur un accord stable, en le mettant d'autant plus en relief.
A vous d'expérimenter d'autres accords que ceux proposés à partir des accords élémentaires (intervalles).
Vous pouvez également encore enrichir les deux accords stables donnés, notamment en leur ajoutant une septième (note 7 de la gamme), c'est très souvent utilisé pour rajouter encore quelque chose à la couleur de l'accord. Mais attention, pas en accord final, il faut que l'accord final Majeur ou mineur reste parfaitement stable.
Expérimentez donc vos accords complexes en les fabriquant à partir des accords élémentaires, et entrainez vous à créer des atmosphères musicales en construisant votre morceau à partir d'accords pré-conçus, en veillant à ce que les notes jouées en même temps ne fassent pas de dissonances indésirables.
Dans l' exemple ci-dessous :
- L'accompagnement commence par utiliser les notes de l'accord de La mineur ce qui donne un aspect plaintif pendant un court instant
- Puis de l'accord de Ré# mineur qui introduit brusquement des dièses et crée une atmosphère menaçante et mystérieuse
- Ensuite de l'accord de Mi Majeur joyeux et stable, qui coïncide avec l'envolée de la flute ce qui fait un petit passage positif pour la mélodie
- Et enfin la conclusion de la mélodie se fait sur le La (note I de la gamme de La mineur utilisée) sur l'accord mineur parfait de La mineur on retombe dans une mélancolie sereine.
forêtnor -
posté le 13/07/2010 à 23:38:55 (4552 messages postés)
forêtnor -
posté le 13/07/2010 à 23:50:07 (4552 messages postés)
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Jonas, en bonnet du forme.
Voilà je viens de vraiment tout lire. J'avais déjà lu des trucs sur le sujet entre autre sur le site de reason où il y a un gros tuto là dessus. Mais bon ça fait plaisir de l'avoir sur le site made by rots
Roi of the Suisse -
posté le 13/07/2010 à 23:51:15 (30339 messages postés)
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Chanter l'hyperchleuasme
Bah les écarts de notes de Miguel Tortillas viennent de reason justement ! Ils m'ont sauvé.
Google est mon ami, j'aurais passé une journée entière si j'avais dû faire chaque mp3.
forêtnor -
posté le 13/07/2010 à 23:57:32 (4552 messages postés)
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Jonas, en bonnet du forme.
Citation:
Bah les écarts de notes de Miguel Tortillas viennent de reason justement ! Ils m'ont sauvé.
Google est mon ami, j'aurais passé une journée entière à faire chaque mp3 si je n'avais pas trouvé cet espagnol.
Finalement tout cela sonne très égyptien, douloureux, sale et malsain...
ff-style -
posté le 14/07/2010 à 01:24:59 (589 messages postés)
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idem.
/La raison de tuer, est celle d'aimer ça/ Vous voulez devenir un bogoss ? Alors ne ressemblez surtout pas à ça !/Comment m'être toutes les filles à ces pieds
Roi of the Suisse -
posté le 14/07/2010 à 01:42:36 (30339 messages postés)
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Chanter l'hyperchleuasme
Vous pourriez avoir la politesse de feindre le contraire quand même.
Et c'est quoi ces jeunes générations qui se vantent sur tous les toits de ne pas comprendre ?
Moi à mon époque c'était une honte intersidérale, et soit on le gardait pour soi, soit on se battait jusqu'à comprendre !
Daxter -
posté le 14/07/2010 à 02:08:44 (843 messages postés)
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Bonjour.
Normal que je compose à l'oreille ?
Non je déconne, sympa le tuto, mais j'ai toujours pas le courage de me lancer en profondeur dans le solfège... enfin je veux dire savoir les gammes tout ça.
Roi of the Suisse -
posté le 14/07/2010 à 02:09:37 (30339 messages postés)
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Chanter l'hyperchleuasme
C'est très pratique.
Ça permet de composer sourd et de te dépanner quand t'as pas d'idée.