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Nusenism -
posté le 01/04/2009 à 11:53:43 (4060 messages postés)
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Salut tout le monde.
Je viens présenter ici des écrits.
Il s'agit d'une série de romans que je ne sais pas si je finirais un jour.
Les histoires sont déjà toutes dans ma tête, car issues de mon JDR papier.
J'ai assez pour écrire une vingtaine de tomes si ce n'est plus, mais une flemmardise vient m'assaillir dès qu'il s'agit de coucher tout ça sur papier.
Du coup je n'ai même pas écrit un seul tome!
La saga romanesque se divise en plusieurs parties:
ORIGIN
-Prélude
-Le Prince et la Rose
TRIMETAL
-La Légende de Guercity
-Le Matériau
-Le Pays-Qui-N'existait-Pas
RIÏSENGUARD
-La Perle des Marais
-la Tueuse Rouge
-La Forteresse des Ombres
LÉGENDES PARALLÈLES
-Ombrelumière
-Les Conflits du Destin
-Le Flibustier
-La Dernière Croisade des Walkyries
-C.U.Ü.B
-Konségühr, la Cité de Feu
-Éternia - La Larme des Eldräs
(surement d'autres mais c'est déjà pas mal non?)
Bon je vais poster ce que j'ai déjà écrit.
Je vous demande juste d'être tolérants pour ce qui constitue le prologue, je suis conscient que c'est peut-être un peu kikoolol, mais j'ai écrit ça il y a longtemps.
Je garde l'essentiel mais ça doit être retravaillé.
Je vous invite cependant à être plus critiques sur la suite, car elle révèle mon niveau actuel.
Vos remarques me permettront de m'améliorer.
PS: si le texte est trop compact et que vous voulez que j'espace un peu dites-le.
PROLOGUE
Chapitre 1 : Trahison
Un monde nommé Elemsis. Une belle journée. Le ciel bleu, dépourvu de nuages, le vent chaud, l'annonce du printemps. Une plaine verdoyante. Au loin, des pins majestueux formaient une immense forêt. Des fleurs multicolores poussaient jusque sur les rochers. La mer était colorée de son bleu plein de mystères, des mystères bien calmes à en juger par l'absence totale de vagues. Sur la côte, le sable prit une couleur dorée, formant de petites dunes d'où dépassaient par endroits des pics formés d'un métal cristallin reflétant les rayons de soleil et les découpant en une multitude de magnifiques arcs-en-ciel, ce spectacle s'étendant jusque sur l'horizon, là où la grande bleue rencontre le soleil levant, comme si celui-ci prêtait le bonheur au monde et que le monde le lui rendait pendant un cycle sans fin... . Ainsi Solaria voyait sa terre, perchée sur son dragon de lumière. Elle cligna des yeux et se retourna. Son mari, Draken, un puissant Eldräs, légende vivante de son peuple, l'attendait. Solaria murmura doucement quelques mots à son dragon-dräs blanc, et il battit des ailes, les propulsant ainsi tous deux au travers des cieux à une vitesse vertigineuse à laquelle la jeune Eldräs s'était depuis longtemps habituée. Après quelques minutes d'un vol dont la célérité ne permettait pas de distinguer les détails alentours, le dragon-dräs, ou plutôt la dragonne, ralentit. Solaria put alors admirer de nouveaux une représentation de ce que nous appellerons plus tard la beauté. Mais une beauté très différente de celle qu'elle admirait précédemment. Ici, il s'agissait d'une ville. Une ville si belle, si majestueuse, si étrange, qu'elle ne semblait pas être l'oeuvre de mortels. A son centre, une tour. Une tour entourée d'une aura magique. Une tour si grande que l'on en voyait pas le sommet, si immense qu'elle dépassait les nuages les plus hauts. Construite de telle manière que son pic s'arrêtait à l'extrême limite de l'atmosphère, donnant une vue sur le monde tout entier par ciel découvert. Puis, autour de cette merveille se dispersaient d'immenses forteresses de marbre. Ainsi s'étendait sur des kilomètres la capitale de la puissance Eldräs, Eternia. Le dragon-dräs se posa et Solaria mit pied à terre. Elle s'avança ensuite vers le Grand Palais. Les battants des portes s'ouvrirent instantanément. A l'intérieur, dans le hall, se tenait Draken. Il était de taille moyenne, possédait de longs cheveux d'un noir obscur et avait revêtu une cape toute aussi sombre. Son visage était légèrement pâle et ses yeux brillaient d'un gris ténébreux. Cet individu était tout à la fois, il incarnait la beauté et la puissance, mais aussi le danger. Il inspirait le respect et l'admiration, puis la peur. Il était la cruauté qui devient parfois bienveillance, le constructeur capable de devenir le destructeur, l'ennemi que l'on craint ainsi l'ami sur qui l'on peut compter. Celui qui fait ce qu'il a à faire sans hésiter. Celui qui est sans pitié mais pas sans amour... le plus sage de tous les Eldräs.
« _Tu es enfin là, Solaria...
_Désolée pour le retard.
_Ce n'est rien... à présent, allons-y... »
Ils avancèrent de quelques pas pour entrer dans une nouvelle salle, immense. Il y avait déjà une centaine d'autres Eldräs à l'intérieur. Trois se tenaient au centre. Draken se plaça à leur côté tandis que Solaria rejoignait les autres. Ils attendirent jusqu'à que plus personne n'arrive. Alors que Draken s'apprêtait à prendre la parole, Solaria lui chuchota à distance:
"_Et ton frère? Il ne devait pas être ici lui aussi?
_Si, mais on ne peut l'attendre indéfiniment!"
A peine eut-il fini de dire ces mots que les portes de la salle s'ouvrirent de nouveau. Un Eldräs s'avança. Il était de grande taille et revêtait une longue tunique grise recouverte d'armures argentées, le tout dissimulé sous une cape noire qui raflait presque le sol. Ses cheveux étaient blancs et lui tombaient quasiment jusqu'à la taille. On pouvait lire sur son visage les traits de la jeunesse et ses yeux bleus reflétaient une intelligence cachée. Il portait dans le dos un long katana.
L'Eldräs pénétra dans la pièce et rejoignit Draken au centre. Ce dernier prit la parole:
"Cher peuple, puissants confrères, nous avons bâtît un empire, le plus fort qui ai jamais existé. Cependant, il faut y ajouter aujourd'hui la dernière touche. Car qu'est-ce qu'un empire... sans empereur?"
Il se retourna, et d'un geste de main, créa un imposant trône d'or massif.
"Je pourrai m'asseoir sur ce trône tout de suite et me proclamer votre chef. Mais ce n'est pas ainsi, nous avons bâtît cet empire ensemble, et chacun y a les mêmes droits. C'est pourquoi, chers amis, vous allez décider, vous tous, maintenant, qui sera votre roi! Vous allez choisir parmi les cinq personnes qu'il y a au centre de cette salle celui que vous voulez suivre jusqu'au bout, celui qui vous paraîtra être le mieux placé pour diriger notre empire et le faire prospérer jusqu'à la fin des temps!"
L'attention du peuple redoubla.
"Que le vote commence!"
Le premier candidat au trône s'avança. Il portait une cape d'émeraude et des cheveux assortis. Ses yeux étaient d'un vert assez foncé et il portait dans le dos une lance à double pointe. Le peuple s'écria: "Vive Kyn, l'Eldräs Emeraude!".
"Merci, merci, répondit celui-ci. Chers amis, mon but est de faire prospérer notre peuple à travers les âges, dans la paix et la bonne humeur. Je veux éviter toute effusion du sang de notre race pour des combats inutiles. Je propose donc comme programme une ère de confort dont les seules luttes seront celles pour notre défense et les bagarres d'enfants! Pourquoi chercher à avoir des problèmes alors que l'on s'en plaint lorsqu'ils sont là? Voilà ce que je pense de la guerre."
Il y eu une ovation de la foule. Kyn salua et rejoignit les autres. Puis vint le tour de Kesh, l'Eldräs Rubis et de Kaïne l'Eldräs Saphir. Les deux étaient cousins avec Kyn et avaient été élevés ensembles. Leurs idées étaient donc de ce fait assez proches. Chacun reçut une ovation. Vint alors le tour de l'Eldräs aux cheveux blancs.
"Mes chers frères! Vous fierez vous à des paroles aussi fausses que celles prononcées par ces trois lâches! Non, le peuple Eldräs est un peuple guerrier qui a hérité de pouvoirs sans limites! Nous ne sommes pas faits pour la paix!Pourquoi naîtrions-nous si fort si notre destin était de vivre en harmonie avec tout le monde? Non, nos créateurs nous ont mis au monde pour que nous nous battions, et que nous exterminions les races inférieures qu'ils ont créé. Nos créateurs ont enfin réussi à faire voir le jour à l'ultime forme de vie...nous, et ils nous serons infiniment reconnaissant si nous les débarrassons de ces expériences ratées que sont les autres! Alors nous allons voler vers la gloire et détruirons toutes les créatures que nous rencontrerons ainsi que leurs mondes souillés! Nous purifierons l'Univers tout entier!"
Tout le monde resta silencieux, mais on pouvait voir dans les yeux de chacun une petite flamme s'allumer, parfois celle de l'avidité de pouvoir et de gloire, chez d'autres celle de la fierté, et enfin, comme chez Solaria, celle de la peur. Cette dernière lança un regard suppliant à Draken, comme si elle le sommait d'obtenir la couronne, comme si elle priait pour qu'il arrive à l'arracher au funeste destin que lui réservait son frère.
L'Eldräs aux cheveux blancs se retourna vers les autres et rentra dans les rangs, un petit sourire au coin des lèvres. Draken s'avança à son tour.
"Mes amis, le discours que vous venez d'entendre a du vrai... pourquoi serions-nous nés si forts si nous étions fait pour être un peuple pacifique..."
Solaria ouvrit des yeux ronds et se raidît, elle ne pouvait croire que son mari adhère à cette idée.
"... Cependant, sommes-nous obligés de prendre notre devoir ainsi et d'exterminer toute autre forme de vie?"
Elle se détendit, il mesurait ses paroles, pas de quoi s'inquiéter.
" Pensez-vous que nos, ou notre créateur, nous ait créés pour ceci? Non, je ne suis pas de cet avis! Si notre créateur veut que nous le fassions, et bien il faudra qu'il le demande un peu plus clairement qu'en semant des hypothèses douteuse dans nos esprits. Non... mon projet est de nous installer sur ce monde confortablement, comme le voulaient nos trois premiers candidats, mais de nous lancer également dans les étoiles pour agrandir notre empire, nous nous emparerons des planètes qui nous intéresserons. Nous exterminerons les races qui s’opposeront à nous mais laisserons en paix celles qui ne cherchent pas à nous gêner. Nous pourrions même nous allier avec certaines, et en soumettre d'autres. Réfléchissez à mon idée. Tout le monde peut y être satisfait, ceux qui veulent la paix comme ceux qui aiment la guerre!"
Il y eu une multitude d'ovations.
"Pour ceci, vous n'avez qu'une chose à faire, criez mon nom et donnez moi l'autorité suprême! Proclamez-moi empereur!"
Alors, à l'unisson, la totalité de la foule s'écria :"Vive Draken, l'Empereur des Eldräs!".
Tandis que Draken s'asseyait sur le trône, Kyn lui-même créa la couronne et la déposa sur la tête de son nouveaux maître: "Ton programme est si bon que je ne t'en veux même pas d'être sur ce trône à ma place !lui souffla-t-il."
"Merci, Kyn... mon ami."
Pendant toute cette agitation, personne n'accorda la moindre attention à l'Eldräs aux cheveux blancs... malheureusement. Son sourire en coin s'était effacé dès que Draken avait reçu les ovations du peuple. Sa main droite tremblait de la colère qu'il éprouvait. Ses yeux bleus perdirent leur éclat et virèrent au rouge, révélant son vrai visage. Il serra le poing de la main qui tremblait et regarda la foule, plein de haine. Solaria croisa son regard et cria, Draken fut alerté et le vît lui aussi... trop tard. Une grande explosion ravagea la salle. Le palais était en feu. Plusieurs dizaines de corps gisaient au milieu du chaos, morts. Les survivants se tassaient près du trône, apeurés. Au milieu des flammes dansantes se tenait l'Eldräs aux cheveux blancs. Son sourire en coin était revenu, plein de haine, rassasié par la vengeance, accompagné d'un rire glacial, sans joie, le rire d'un démon. Il se retourna et traversa le brasier sans subir la moindre brûlure, puis il ne fut plus qu'une ombre à l'intérieur du spectacle rougeoyant, une ombre qui s'éloignait. Draken se leva et cria:" Jördmündgän!". Il tomba à genoux et pleura, son visage enfouit dans ses mains. Solaria s'agenouilla à ses côtés et le prit par les épaules.
"... Jördmündgän... pourquoi?... pourquoi as-tu fais ça?!...pourquoi? JÖRDMÜNDGÄN!!"
Chapitre 2 : Les Princes Blancs
Soixante anckels ont passé depuis le couronnement. L'Empereur Draken s'est ressaisit de la peine que lui avaient donné les actions de son frère et a fait prospérer l'Empire des Eldräs à travers les étoiles. Il déclara Jördmündgän officiellement banni de leur race et avait donné l'ordre de l'abattre à vue. Mais ce fut inutile, car Jördmündgän ne revint pas. Le peuple de Draken vécut mêlant paix et guerre, voyages et conquêtes des dickels durant. Jusqu'à ce jour, ce jour fatidique qui marqua la fin de la tranquillité de l'Empire. Une cité flottante venant du fin fond de la galaxie approchait depuis peu, inexorablement. De par se couleur, les Eldräs la surnommèrent la "Cité Blanche". A présent, elle était toute proche, juste derrière la première lune d'Elemsis, et était visible à l'oeil nu.
Ce jour là, tandis que Draken gérait ses affaires dans le Grand Palais, quelque chose perça l'atmosphère avec violence et l'on vit un trait de lumière blanche filer à une vitesse vertigineuse sur Eternia. Lorsque la chose fut à quelques centimètres du sol, elle s'immobilisa soudainement. Une créature d'aspect Eldräs se posa délicatement sur le sol. Elle possédait deux magnifiques ailes blanches et son corps était recouvert d'armures d'argent. Son visage était dissimulé par un casque semblable aux armures et une lumière jaune s'échappait des fentes destinées aux yeux. La créature portait également une épée de lumière dans sa main droite. Elle s'avança vers le grand palais. Elle y pénétra et continua tout droit, jusqu'à la salle du trône. Là, elle trouva Draken, sur son trône. Elle s'avança jusqu'à trois mètres de lui et s'arrêta, sans s'incliner. Draken, surpris, se leva:
"_Qui es-tu et que me veux-tu, étranger?
_ Mon nom est Métatron, créature inférieure!
_Comment oses-tu insulter ainsi l'empereur !intervint un garde, outragé."
L'arrivant ne tint pas compte de l'interruption, et se contenta de toiser l'Eldräs qui l'avait interrompu comme s'il s'agissait d'une tâche sur ses armures. Draken répondit:
"_La créature inférieure peut-elle demander d'où vient le moustique qu'elle a en face?
_...hum...nous allons dire que je n'ai rien entendu... vous serez suffisamment punis, ajouta-t-il pour lui-même. Je viens d'Asgôrd pour vous transmettre personnellement un message.
_...Asgôrd...?
_Oui, la "Cité Blanche", comme vous l'appelez.
_La Cité Blanche... j'avais l'intention de m'y intéresser tôt ou tard... et donc?
_Cette cité est peuplée de créatures comme moi. Nous nous appelons les "anges". Cette majestueuse ville qu'est la notre est dirigée par neuf princes...les Neuf Princes Blancs d'Asgôrd: moi et mes frères: Gall, Emaris, Jesra, Otori, Zéphyr, Heimdall, Alias et Löski.
_Que suis-je censé comprendre...?
_Que nous sommes supérieurs...et que vous nous gênez!
_Hé bien, messager, rapporte donc à tes maîtres..."
Draken fut interrompu par l'ange.
"_Ha! Ha! Ha! Mes maîtres...je n'ai pas de maîtres, je suis Métatron, le prince le plus influent et le plus puissant de la Cité des Cieux. Croyez-vous vraiment qu'un messager serait venu ici en étant certain de revenir chez lui en pièces détachées... non, je suis venu vous avertir de votre destin, c'est tout.
_Et par conséquent, si je te fais tuer, Asgôrd perd son membre principal.
_Vous ne pouvez pas me tuer...personne ne le peut! Car on ne peut tuer un dieu!
_Vous n'êtes pas les créateurs, arrêtez vos balivernes.
_Nous ne sommes pas les créateurs, c'est vrai, et vous existiez avant nous, mais nous voilà, tout d'un coup, plus puissants que vous et immortels...que sommes-nous sinon des dieux!?
_En quoi les Eldräs vous gênent-ils?
_En vérité, c'est le simple fait de votre existence qui nous gêne. Une race dont la force est si proche de la notre nous déplait... alors je vous somme de partir très loin de cette galaxie, dans un autre Univers si possible. Nous convoitons votre planète et nous nous en emparerons, d'une manière ou d'une autre. Nous vous offrons un répit, partez et vous survivrez, restez et vous mourrez...
_Jamais nous n'abandonnerons Elemsis!
_C'est votre choix... à présent, je m'en vais... nous nous reverrons le jour de ta mort...
_ Crois-tu que tu partiras aussi facilement? Je ne suis pas facilement dupe et ne suis pas près à croire que le premier pigeon qui entre dans mon palais est un dieu!
_C'est bien dommage...
_ Abattez-le!"
Cinq Eldräs firent soudain irruption dans la salle, une lance à la main et fondirent vers le Prince Blanc. Ils l'attaquèrent à plusieurs reprises lors d'attaques synchronisées, dans un tourbillon de lances, et Métatron repoussa chacun de leurs assauts. Sa lame décrivit un cercle et quatre des cinq gardes se retrouvèrent à terre. A peine se relevaient-ils qu'un éclair de lumière tombait sur chacun d'entres eux. Il n'en resta plus que de petits tas de cendres. Le dernier n'eut pas le temps de comprendre ce sui se passait, une éblouissante lumière aveugla tout le monde. Lorsqu'elle se dissipa, l'Eldräs avait l'épée de l'ange à travers le cœur. Il glissa le long de la lame et tomba à terre. Il ne bougea plus.
"Voilà le prix de ton acharnement, Draken... à présent, je pars, et souviens toi... la prochaine fois que nous nous verrons, c'est toi qui sera à la place de ces hommes... ."
Il y eu une détonation et Métatron s'envola, détruisant le toit du palais. Il s'éloigna en dehors de l'atmosphère tandis que les débris emplissaient la salle du trône.
Deux jours plus tard, le palais fut restauré et Draken tint un grand conseil.
"Cher peuple, des dickels durant, notre empire prospéra... nous parvinrent à maintenir la paix sur Elemsis et à étendre notre territoire dans la galaxie. Bien des races s'opposèrent à nous, mais aucune ne nous créa jamais de réelle inquiétude. Et bien, mes frères, je dois malheureusement vous annoncer que cette ère est révolue. Des ennemis sont apparus, plus puissants que tous ceux que vous ayez eus à affronter jusqu’à présent. Et ces ennemis sont là, tous proches, dans la Cité Blanche. Ils sont là et nous narguent. Ils sont forts et se prennent pour des Dieux! Et ils osent nous menacer pour nous forcer à quitter notre beau monde!"
Il y eu des murmures. De l'agitation. Draken reprit:
"Eldräs! Laisserons-nous une race nous surpasser! Abandonnerons-nous lâchement la Ville Eternelle aux mains d'ennemis, de faux dieux avides de pouvoir!! Non! Non! Nous nous battrons! J'irai donc moi-même à la Cité d'Asgôrd et défierai les Neuf Princes Blancs. Et je les détruirai, un à un, jusqu'à ce que les anges se plient devant l'Empire comme l'ont fait tous les autres êtres vivants qui ont croisé notre route!"
Le peuple applaudit: "Vive l'Empereur Draken!!"
Ainsi, après quelques jours de préparation, Draken sortit du palais et enfourcha son dragon-dräs de ténèbres. Solaria vint le trouver avant son envol:
"_Sois prudent, Draken!
_Ca risque d'être difficile, Solaria. Ils sont forts, très forts, et loin d'être idiots.
_Promets-moi de revenir!
_Je refuse de te faire une promesse que je ne pourrai tenir...
_Fais-la quand même, Draken... pour moi!
_... très bien, je te le promets...
_Je t'aime...
_Moi aussi."
Elle s'écarta. Le dragon-dräs battit des ailes et prit son envol. En une dizaine de minutes, il sortit de l'atmosphère et pénétra dans l'espace. Il regarda vers la lune la plus proche, Asgôrd s'était encore rapprochée et était à présent plus proche que celle-ci. Draken continua son vol. Deux heures plus tard, il pénétra dans l'atmosphère de la cité. Il atterrit devant la porte, des gardes de la citadelle tentèrent de l'intercepter. Le dragon-dräs donna une violente impulsion et renversa les deux anges tandis qu'il passait la porte en la réduisant en charpie grâce à sa vitesse. L'alerte fut donnée dans la cité. Des garnisons de soldats aux ailes blanches volèrent dans les rues pour lui donner la chasse. L'Eldräs tendit son bras et des rayons de ténèbres s'en échappèrent. Il y eu une explosion qui détruisit une partie de la ville flottante. La panique s'ensuivit chez les anges. Draken poursuivit sa route. Il se rendit dans les Jardins Suspendus, qui flottaient mystérieusement devant le Palais Pur, le centre du gouvernement de la Cité Blanche. Alors, au milieu des allées verdoyantes des jardins, il se trouva face aux Neufs, Métatron au centre. Ils étaient postés là, comme s'ils l'attendaient.
"_Je me doutais que tu viendrais, lança Métatron.
_ C'est donc lui, le minable qui dirige les Eldräs?
_C'est bien lui, Löski."
Les Princes Blancs ricanèrent. Celui qui s'était fait appeler Löski prit la parole.
"_ Draken... le seul fait de t'opposer à nous est la preuve de ta folie, mais... tu n'es quand même pas venu seul?!
_Je n'ai besoin de personne pour vous régler votre compte."
Mi-surpris mi-amusé, Métatron sortit du rang que formaient les Princes Blancs.
_ Je vais t'accorder un combat singulier, Draken! Prend ceci comme le seul cadeau que je t'aurais fait.
_Je vous combattrez tous en même temps, Métatron, mon but est de vous détruire chacun votre tour, et je ferai d'une pierre neuf coups.
_Tu pousses ton courage trop loin, Eldräs. Et bien, vas-y, à toi l'honneur, cours au-devant de ta mort!"
Draken sortit son épée de ténèbres. Son dragon cracha une boule de feu sur l'ange le plus à gauche, Otori. Le Prince Blanc fut pris dans le brasier, il hurla, et finit par tomber.
"Les dragon-dräs sont-il donc si puissants... murmura Löski."
Draken s'envola soudainement, Emaris et Gall le suivirent dans les cieux, Emaris devant. L'Eldräs évita l'épée d'Emaris et lui plongea la Lame des Ténèbres en travers du corps. Le dragon continua à monter et assena à Gall un puissant coup de queue, celui-ci le reçut de plein fouet et s'écrasa au sol dans un grand bruit. Déjà, trois Princes Blancs étaient hors combat. Le monstre noir redescendit soudain en piqué alors que Heimdall prenait son envol et Draken le décapita au passage lorsqu'ils se croisèrent. Il lança une vague de ténèbres en direction du sol et entendit un bruit derrière lui, Zéphyr avaient anticipé son attaque et s'était envolé. Il para un coup mortel en direction de sa nuque et se mit debout sur les écailles sombres. Il para un nouveau coup, en direction de sa tête cette fois, de sa main libre toucha l'ange et lui fit subir une décharge électrique magique qui le paralysa. Il recula et l'embrocha avec son épée, puis lui mit un coup de pied destiné à s'en débarrasser. Le corps sans vie tomba dans le vide. Le dragon-dräs arriva à ras du sol et vola jusqu'à Alias, qu'il attrapa dans ses serres et projeta violemment contre la muraille de la cité. Draken concentra ses ténèbres et l'acheva dans un éclair noir. Jesra profita du moment d'inattention de l'Eldräs pour attaquer, mais la bête noire lui asséna un coup d'aile qui l'envoya à plusieurs mètres. Draken disparu de sa place et réapparut soudainement devant son ennemi, dont il transperça le cou. De la même manière, il réapparut sur sa monture. Löski se montra soudain juste devant lui et arma un coup que Draken n'aurait pu parer. Mais il fit l'erreur de se trouver trop près des dents de la bête, qui le broyèrent en un instant. Il n'en restait plus qu'un. La monture avança vers l'ennemi. Métatron, contre toute attente, riait.
"_Pas mal du tout, Draken, vraiment. Tu es de loin le plus puissant ennemi que j'ai eu. Mais tu ne suffira tout de même pas à me distraire!"
Il se déplaça soudainement. Avant que l'Eldräs puisse faire un geste, Métatron arriva sur la droite de la monture, il créa rapidement une boule de lumière et la laissa filer. Le dragon-dräs fut projeté jusqu'au mur du château, qui se brisa sous le choc, et Draken fut désarçonné. Il se releva tant bien que mal, jetant un œil vers son fidèle compagnon. La bête était immobile. L'Eldräs sentait que le dragon était en vie, mais il était trop faible pour continuer à l'aider. Il ramassa donc son épée qu'il avait perdue pendant sa chute et s'avança vers Métatron. Il tenta de lui asséner une multitude de coups, utilisant toute sa force, son adresse et sa ruse... et le Prince Blanc les para tous avec une facilité effrayante. Il l'attaqua alors d’un rayon de ténèbres. Métatron disparut. Draken se retourna trop tard et reçut de plein fouet l'aile de l'ange, juste derrière lui. Métatron rit de nouveau.
"N'admettras-tu donc pas que ton adversaire est supérieur même quand les preuves dansent sous ton nez, Draken?! Ha! Ha! Ha!"
Derrière lui, huit ombres approchaient. Les Princes Blancs qu'il venait de tuer le regardaient, riant eux aussi, sans la moindre égratignure.
"N'admettras-tu donc pas que nous sommes des dieux même après avoir eu la preuve de notre immortalité!?"
Métatron s'avança vers l'Eldräs qui se relevait malgré sa surprise.
"A présent, incline-toi devant la mort, Maître des Ténèbres!"
Il frappa de sa lame de lumière si vite qu'il parut ne pas avoir bougé. Draken ne put réagir. Il se fit entailler à l'épaule droite, à la hanche et se trouva désarmé tandis qu'il était jeté à terre par un revers de lame. Alors... là... quand tout semblait fini, un bruit sourd se fit entendre. Le dragon-dräs se relevait au milieu des débris. Il regarda en direction de son maître et pris son envol avec célérité, l'attrapant et le plaçant sur son dos au passage. L'Eldräs fit un geste et son épée s'envola jusqu'à rejoindre le creux de sa main tandis qu'il perçait à nouveau l'atmosphère pour rejoindre Elemsis.
"_Alors, que fait-on? demanda Löski.
_Demain, nous irons sur ce monde et nous y imposerons comme divinités. Nous vivrons ainsi des millénaires durant, vénérés par des centaines de races, peut-être des milliers! répondit Métatron.
_Et pour Draken, doit-on le poursuivre?
_Draken? Non, ne t'inquiètes pas, lorsqu'il arrivera sur son monde et découvrira ce qu'il s'y est passé en son absence, il regrettera de ne pas être mort ici!"
Pendant ce temps, sur Elemsis. Les Eldräs patrouillaient dans la ville, surveillant les mouvements suspects. Ils étaient nerveux, et attendaient avec appréhension des éventuelles nouvelles sur Draken.
Alors, il y eu un bruit sourd, et les cieux tremblèrent. Un grand dragon-dräs noir apparut, avec son cavalier. Il y eu des hurlements de joie:"Draken est de retour! Il est vivant!"
Puis une explosion. Des dizaines de bâtiments s'écroulaient et un feu était apparu, se propageant de plus en plus vite. Un Eldräs nommé Garlord, également surnommé "la Brute", s'avança aux côté des gardes.
"Il y a un problème, le dragon de Draken n'est pas aussi grand."
Le cavalier mystérieux se posa. Il avait de longs cheveux blancs et revêtait des armures d'argent recouvertes par une cape sombre.
Garlord et les autres Eldräs reculèrent terrifiés. Il y eut une nouvelle explosion, à présent, la moitié de la ville était en flamme. L'inconnu leva les yeux et laissa apparaître des yeux rouges.
"Enfin... l'heure de la vengeance... a sonné!"
Une dizaine d'Eldräs surgirent d'une rue adjacente.
Garlord s'écria: "Abattez-le, c'est le traître!"
Les hommes obéirent immédiatement.
Celui aux cheveux blancs ricana et sortit tranquillement un long katana. Les cinq premiers gardes furent avalés par le monstrueux dragon noir. Les cinq autres sautèrent et attaquèrent. Le katana fit trois mouvements. Ils étaient à terre, démantelés.
Garlord et son dragon reculèrent.
"Jördmündgän...".
Il y eu un éclair, le long katana se retrouva planté dans la tête du dragon tandis que la tête de l'Eldräs roulait sur le sol. Il y eut un tremblement de terre, et le reste de la ville s'effondra. Jördmündgän s'envola au dessus des ruines. Une boule énergétique illumina sa main et fila vers le sol. Tout explosa. Il devint impossible qu'il reste des survivants dans les ruines. L'Eldräs banni, s'éloigna en direction des plaines. Solaria s'y trouvait. Là serait sa véritable vengeance. Il vola vers elle et bientôt la vit. Soudain, trois dragon-dräs firent irruption devant lui, un rouge, un bleu et un vert.
"_Kesh, Kaïne et Kyn... quelle heureuse surprise, cracha Jördmündgän.
_Tu es allez trop loin deux fois à la suite, traître. Nous ne te laisserons pas t'approcher de Solaria. Il te faudra nous passer sur le corps avant!
_J'avais l'intention de la faire de toute manière..."
Ils se battirent. L'Eldräs du Mal élimina dès le départ les dragons de ses adversaires. Les trois bêtes s'écrasèrent au sol. Les trois frères, pleins de colère et de peine, redoublèrent leurs efforts. Ils attaquèrent sans relâche. Mais Jördmündgän para tous leurs assauts et riposta. Ils s'en tirèrent avec chacun une blessure. Ils revinrent à la charge. Kesh frappa au visage, et son ennemi dévia sa lance de l'avant-bras, profitant de l'occasion pour lui planter son arme en travers du corps. Au même moment, Kaïne lui visait le coeur. Jördmündgän fit un pas en arrière au dernier moment. Kaïne le manqua se fit empaler par le katana géant, volontairement mis sur sa route. Puis Kyn attaqua par derrière. Il était évident que le coup ne serait pas paré. Mais alors, au lieu de s'enfoncer dans la chair de l'ennemi, sa lance fut prise dans une sorte de boule noire et fut aspirée dans le néant. Jördmündgän fit faire un tour à son sabre et frappa derrière lui sans même se retourner, atteignant Kyn en plein coeur. L'ancien Eldräs fit volte-face et marcha vers Solaria, qui avait hurlé en voyant l'affrontement. Mais il fut interpellé par les trois agonisants.
"Tu ne t'en tireras pas ainsi, traître... . Tu sais que nous pouvons nous faire exaucer certains souhaits avant de mourir. Nous te maudissons, Jördmündgän, et reviendrons, à travers nos descendants, te faire payer ta dette."
Sur ce, ils tombèrent face contre terre et poussèrent leur dernier soupir.
L'Eldräs du Mal s'approcha de Solaria. Elle avait les larmes aux yeux et reculait, l'épée de lumière brandie.
"_Ne t'approches pas de moi! Pars!
_Il est trop tard, Solaria, tu ne peux plus échapper à tout ça. On ne peut plus revenir en arrière. Cette race est morte.
_Non!! Traître! Espèce de lâche!!"
Elle l'attaqua de plein fouet avec fureur. Jördmündgän fit un parade violente et elle se retrouva à terre quelques mètres plus loin.
"_Non! Je ne te laisserai pas, surtout pas toi, dire que je suis un lâche et un traître! Pas toi!! C'est vous qui m'avait trahi, toute la race Eldräs, et en particulier toi et ton frère!!
_Que...?
_Qu'imagines-tu, Solaria, que cette planète est venue à nous toute seule? Que l'Empire s'est créé seul!? Non... alors que nous en étions tous à errer dans l'espace sans planète fixe, comme des oiseaux ayant perdu leur nid et que nous nous contentions d'exterminer des ennemis faibles, deux Eldräs découvrirent le monde d'Elemsis et s'aperçurent qu'il contenait une énergie vitale impressionnante. Ils pensèrent que c'était le monde préféré des Créateurs. Mais ils n'en revinrent jamais. Intrigué, je décidais de m'y rendre... car se monde n'était pas vide comme vous le prétendiez, non... c'est moi qui l'ai vidé. Il était peuplé d'une forme de vie très particulière. Des adversaires bien plus puissants que les minables dont vous vous contentiez tous. Les deux Eldräs qui avaient découvert la planète n'avaient aucune chance face à eux. Ils étaient des milliers, des milliers d'êtres capables de contrôler la matière même de la vie... de l'ôter comme de la rendre, voire de l'échanger, ce d'une seule pensée. Alors, je me suis rendu sur ce monde... et je les ai détruits...tout comme j'ai exterminé les Eldräs ce soir.
_Non... tu mens!...pourquoi... pourquoi nous haïs-tu ainsi... .
_Pourquoi Solaria? Laisse-moi donc finir ma petite histoire. Après m'être assuré qu'il n'y avait plus aucun survivant, j'ai utilisé mes pouvoirs pour créer Eternia, votre chère capitale. Puis, j'ai remarqué une énergie incroyable. Cherchant à savoir d'où elle provenait, j'ai découvert qu'elle s'échappait des corps des contrôleurs de vie. Je l'ai alors réunie en grande quantité, et j'ai décidé de l'utiliser. Je l'ai absorbée. J’étais alors capable de choses qu'aucun Eldräs ne pourrait jamais faire. Je décidais d'en tester les effets. Démarrant en beauté, j'ai créé la Tour Eternelle, lieu de mystère qu'aucun ne peut détruire. Un lieu où le temps lui-même n'a pas accès. Enfin, je revins chercher mon peuple, et le persuada de venir s'installer sur Elemsis.
_...Non...
_Si, Solaria, si. Ma colère n'est pas sans raison. J'ai créé un Empire, j'ai fait des Eldräs une race supérieure aux autres. Je vous ai tous hissés plus haut que vous ne seriez jamais parvenus. Je vous ai offert la planète préférée des Dieux Créateurs... et vous... vous n'avez même pas daigné me donner le privilège de vous diriger, après tout ça. Et c'est moi que l'on traite de traître!!
_ ...Je...je ne savais pas...
_Tu ne savais pas...ah oui? Draken savait!! Mon propre frère, et il m'a trahi.
_Il a été élu, Jördmündgän, il ne t'a aucunement trahi!
_Tais-toi!...Toi aussi Solaria. Toi aussi tu m'as trahi. Avec lui... . Depuis longtemps tu m'étais promise...je t'aimais. Je voulais te demander en mariage juste après mon retour d'Elemsis. Lors de mon heure de gloire. Mais lorsque je suis revenu, tu étais dans les bras de Draken. Vous vous étiez mariés pendant que je me battais pour notre peuple. Tu m'as trahi alors que je me battais...pour toi.
_...C'est donc pour ça. C'est pour cette raison que tu les as tous tués. Immondice! Draken te tuera.
_Draken me tuera? Lorsqu'il reviendra, tu seras morte et je serais loin... si jamais il revient.
_Tu ne me tueras pas, Jördmündgän. Pas si tu m'as aimée réellement.
_Je t'ai aimé Solaria. Mais j'aimais aussi le peuple Eldräs. Je lui ai tout donné... et lui m'as tout pris... jusqu'à toi... . A cause de Draken. Je veux juste que toi, au moins toi, tu comprennes la haine que je ressens. Et, maintenant je demande réparation. Il est trop tard pour revenir en arrière. Ce peuple est mort. Et toi, Solaria, tu vas mourir aussi, ce soir, et rejoindre les autres !
_Tu as tort, Jördmündgän, il en reste un. Tu n’as pas tué Draken !
_HA ! Ha ! Ha ! Espèce d’idiote ! Tu n’as toujours pas compris. Je ne veux pas tuer Draken. Je veux lui retirer tout ce qu’il a. Lui enlever tout ce qui lui est cher…comme il me l’a enlevé à moi. Draken survivra, j’en suis sûr, mais qu’il reviendra ici, il comprendra ce que l’on ressent lorsque l’on n’a plus aucune raison de vivre. Ce sera alors à son tour, de vivre ce que j’ai vécu ! Ce soir, il va perdre ce qu’il chérit le plus, son Empire…et toi !! »
Et, sans prévenir, le mal attaqua. Son katana argenté brillant sous le clair de lune, il se lança sur sa cible dans un tourbillon de cheveux blancs. Solaria, prise au dépourvu, eu juste le temps d’esquiver le coup en faisant un pas de côté. Résignée d’arriver à une telle extrémité qu’un combat à mort, elle fit apparaître dans sa main un arc lumineux. Alors qu’elle encochait trois flèches simultanément et d’un geste d’une vitesse inhumaine, son implacable ennemi l’attaquait déjà avec son sabre. Le coup frappa l’arc, qui lui échappa des mains. Elle entreprit alors de créer une boule d’énergie lumineuse. En une fraction de seconde, elle la concentra et la laissa filer sur son adversaire. Celui-ci fit de même avec une boule de feu. Les deux rafales d’énergie se rencontrèrent et se neutralisèrent dans une explosion de lumière flamboyante qui boucha la vue des deux combattants. Là, alors que Solaria attendait que la lumière et la fumée se dissipent, Jördmündgän traversa le nuage d’énergie, prenant sa victime par surprise. Son katana traversa alors sa cape et ses armures, lui transperçant le cœur.
L’arme dégoulinante de sang en travers du corps, elle tomba à genoux, les yeux agrandis par la douleur. L’Eldräs aux cheveux blancs la regarda, un demi-sourire se dessinant au coin de ses lèvres.
« Tu ne me maudit pas, comme l’on fait ces trois autres imbéciles avant de mourir, Solaria ? Vas-y donc, exprime donc ton dernier souhait. Dit que tu me haïs. Maudit-moi… et meurs. »
Contrôlant un peu son esprit embrumé par la douleur, Solaria prit une dernière inspiration.
« Non, Jördmündgän je ne te haïs pas et ne prononcerait pas de malédiction. Tout ce que tu m’inspires, c’est de la pitié, et je pense que le seul fait que tu existes tel que tu es est en soi une malédiction, la plus grande que l’on puisse t’infliger. Il m’est inutile d’en rajouter une autre. »
Son sourire transformé en grimace de haine, le traître, que l’on connaîtrait dorénavant sous le nom de l’Ennemi, retira son katana de la poitrine de l’être de lumière du geste brusque. Solaria fut violemment jeté à terre. Alors, l’Ennemi repartit en marchant et le feu s’étendit, laissant des tas de cendres noires à la place des forêts tandis que les montagnes étaient réduites à des blocs de pierre rougeoyants et les océans à des étendues de terre arides dévorées par les flammes de la vengeance.
De son côté, Draken fuyait dans l’espace, se retournant de temps à autres. Au bout d’un certain temps, il fut certain que les Princes Blancs ne le suivraient plus. Résigné, il décida de rejoindre Elemsis pour annoncer sa défaite à son peuple. Réfléchissant aux possibilités qu’ils avaient de survivre, il approcha de la planète. Perdu dans ses pensées, il lui fallu un certain temps pou réaliser que quelque chose était anormal. Sa planète, même vue de loin, lui sembla différente. Il ne se rappelait pas l’avoir déjà vue aussi sombre. Il continua à s’en approcher, de plus en plus persuadé que son monde était anormalement coloré de rouge. Bientôt, il en fut certain. Inquiet, il accéléra l’allure, et pénétra rapidement dans l’atmosphère.
Alors, il y trouva ce qu’il craignait le plus de rencontrer. Un environnement mort, des paysages de désolation. Il se rendit à Eternia, et y découvrit ses ruines. L’unique bâtiment encore debout était la Tour Eternelle, seule au milieu d’un monde mort. Alors, il découvrit des corps. Des Eldräs. Morts. Il reconnut Garlord et son dragon. Et bien d’autres. Les gardes de son palais gisaient parmi les décombres de celui-ci. Il finit par découvrir des traces de sang, comme celles qu'une épée laisse couler derrière elle après avoir transpercé quelqu'un. Il les suivit. Elles menaient hors de la ville. Même là-bas dans les plaines, tout n'était que cendres. Des flammes dansaient au loin. Encore des corps d'Eldräs. Les traces de sang continuaient. Il découvrit alors une immense forme, inerte au sol. Il s'en approcha. C'était le dragon d’Emeraude de Kyn, baignant dans une mare de son propre sang. Celui-ci formait une flaque dont s'échappait une concentration de petites rivières pourpres. L'une d'elle s'éloignait, puis regagnait une mare similaire. C'était le dragon de Saphir de Kaïne, qui avait subi le même sort. A quelques mètres reposait le dragon de Rubis de Kesh, mort aussi. Un peu plus près des flammes, se dessinait un amas de formes indistinctes. Draken continua sa route. Elles se firent plus précises. C'était des corps. Trois exactement. Kesh, Kaïne et Kyn étaient morts, eux aussi, côte à côte, et une plaie béante se dessinait au niveau de leur torse, la trace laissée par la lame qui les avait transpercés. Puis, grâce à la lumière du feu ardent, il découvrit, quelques mètres devant seulement, une silhouette qu'il eu reconnu entre mille. Il accourut. Solaria gisait elle aussi au sol, les yeux clos.
"Solaria! Solaria! Parle moi! Réveille-toi! Non!! Ouvre les yeux! Dis-moi que tu es en vie! Dis-moi qui t'as fait ça."
C'était inutile. Elle était morte. Draken le savait mais il ne voulait pas l'accepter. Il refusait d'y croire. Il baissa les yeux vers celle qu'il avait aimé et dont il tenait à présent le corps sans vie dans les bras. C'est ainsi qu'il remarqua la blessure qui l'avait tuée. Une lame. La même que pour Kyn et ses frères. Un sabre, plus précisément. Il réfléchit. Qui possédait un sabre? Il leva les yeux et observa les alentours. Une silhouette s'éloignait, marchant vers la fournaise emplissant la surface des plaines. Alors, au gré des flammes, il reconnut l'individu. C'était son frère. Son frère lui avait tout pris. Draken se leva, la dépouille de Solaria toujours dans les bras, écumant de rage. C'était trop tard, déjà la silhouette de l'Ennemi disparaissait dans le brasier. L'ancien empereur des Eldräs retomba à genoux. Il lâcha le corps de sa femme sans vie. Une larme perla sur sa joue.
Se relevant brusquement, une impressionnante quantité d'énergie se dégagea de son corps. Il hurla.
"JÖRDMÜNDGÄN!!!!"
[A SUIVRE...]
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Nusenism -
posté le 01/04/2009 à 13:25:27 (4060 messages postés)
| | Stu veux je te fous une photo de mon cousin qui est le principal joueur de mon JDR papier, ça te fera une image d'un des héros principaux!
...
Ouais mais non si fous sa gueule les gens vont fuir et ça va casser tout le mythe!
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EDIT: youpi ça tient pas en un post, du coup je vais faire 1 post par chapitre pour être sûr que ça passe bien.
J'envoie la suite.
TOME 1 : LE PRINCE ET LA ROSE
Chapitre 1 : Les docks
Un air marin soufflait doucement sur les quais d’Alderàn en cette fin d’après-midi d’automne. L’atmosphère de l’air était humide mais sans pluie, et les cieux se faisaient grisonnants. On entendait les habituelles plaintes des marins grincheux supportant leurs dernières heures de labeur, ainsi que les hurlements du poissonnier tentant en vain d’écouler son stock journalier. Puis des sons plus lointains, plus discrets, comme le cri des mouettes, le mouvement des vagues pendant la marée montante, le bruissement des voiles et le grincement des mâts. Nombre de travailleurs finissaient leur journée et la plupart passaient à côté du poste des amiraux pour se rendre dans les tavernes de la Grand Rue. Non loin de là, assit sur une pile de caisses, se trouvait un jeune garçon. Il devait avoir 16 ans tout au plus, mais ses cheveux avaient une couleur grise, presque blanche. Argentée. Les hommes des quais et autres mendiants passaient constamment devant son visage juvénile aux grands yeux bleus, ouverts comme un livre avide de nouveaux mots. Mais en réalité, il ne les voyait pas. Le petit Iloan ne voyait jamais rien. Nul ne put jamais prouver sa cécité, car ses pupilles n’en présentaient aucun symptôme. Cependant, il était clair que le garçon était différent. Jamais il ne sut dire que la mer était bleue, ou qu’un édifice était grand. Pourtant, un autre sens lui permettait de se guider. Bien qu’il eut parfois des accidents, Iloan parvenait à marcher et à se déplacer en évitant les obstacles. A une vitesse raisonnable toutefois. Jamais il n’avait été capable d’aller jouer avec les autres enfants des quais à leurs bagarres et autres disciplines d’adresse. Il avait un handicap. Un handicap qu’il avait été forcé de surmonter pour survivre dans les docks, sans famille ni tuteurs, certes, mais un handicap tout de même. Et en ce moment, sur son visage sensible, se dessinaient des traits d’impatience. La patience était devenue comme une seconde nature chez le jeune garçon, et il avait grâce à sa gentillesse gagné la sympathie de la plupart des villageois des quais. Mais il n’y avait que des familles modestes ici sur les docks, qui avaient déjà bien du mal à se prendre en charge elles-mêmes, et qui par conséquent ne pouvaient être d’aucun secours au jeune garçon. Iloan n’avait aucune famille. Enfin si… il avait Lyla. Lyla était une jeune fille du même âge que lui. Elle était rarement présente à Alderàn car ses parents étaient des troubadours, animateurs itinérants, et ils voyageaient constamment de par le monde.
A cette pensée, les traits d’Iloan Se durcirent.
Il l’attendait. Voila deux mois, ou plus, qu’il passait ses fins d’après-midi sur les quais dans l’espoir d’entendre le navire accoster, accompagné des cris enjoués d’une Lyla courant le retrouver. Cela faisait huit mois. Huit mois que son unique amie était partie. Huit mois de solitude. Si Iloan avait été du genre à pleurer, il l’aurait sans doute fait. Mais bien qu’il fût très émotif, les larmes coulaient rarement sur le visage du jeune garçon pour autre chose qu’une douleur physique. Son chagrin, certainement à cause de sa vie solitaire, ruisselait à l’intérieur de lui-même. Chaque seconde il en ressentait l’écoulement. Parfois, il sentait même son cœur tressaillir sous tant d’assauts. Mais son esprit dressait contre les eaux un barrage indestructible. Ce barrage se nommait Kielle.
Kielle était une jeune servante du château d’Alderàn. Comme lui, elle était orpheline, mais elle eut la chance d’être accueillie par le Roi en tant que dame du palais. A chaque fois qu’Iloan se trouvait près d’elle, il était hypnotisé. Une vague de sentiments déferlaient en lui, au point de le paralyser totalement. Plus rien n’existait. Plus de chagrin, plus de peur, plus de douleur. Plus rien…sauf elle. Depuis le premier jour qu’il l’avait rencontrée, il n’avait plus rêvé que d’une chose : la croiser de nouveau. Mais ces temps-ci, son barrage s’effritait. L’indestructible mur se lézardait de fissures, comme si un intrus le dévorait de l’intérieur. Et Iloan subissait, impuissant, les dégâts occasionnés par ce nuisible. Un nuisible que nul n’aurait consciemment osé défier, car il s’agissait de Sire Orméo. Ce jeune homme s’approchant de la vingtaine était le fils de second personnage le plus puissant d’Alderàn après le Roi : le Duc Lugan. Le jeune homme s’était récemment mis en tête de courtiser la jeune servante du palais, s’attirant par conséquent la fiévreuse jalousie du gamin des quais. Il aurait voulu montrer à ce fils de noblesse pourri gâté que Kielle n’était pas sa propriété, il aurait voulu impressionner la jeune fille et lyncher ce malotru qui ne savait pas où se trouvait son rang. Mais le nuisible était coriace. Iloan ne pouvait rien. Orméo était riche, charmant. Il avait obtenu les prix d’éducation, savait lire et écrire, il jouait la lyre et l’harmonica et tournait ses phrases à la manière d’un poète. Et en plus de tout ceci,il était considéré comme le meilleur escrimeur d’Alderàn, et l’on disait que cette rapière qui était la sienne ferait sans aucun doute de lui le meilleur général du Royaume des Landes. Que pouvait faire un misérable enfant des docks contre cet homme. Quelle chance pouvait bien avoir un gamin débraillé allant nu-pied, dont les grands yeux bleus cyan n’auraient pu distinguer une arme d’un jouet et dont les déplacements maladroits rappelaient un minable pantin articulé. Le barrage était sur le point de céder, et l’eau s’infiltrait déjà par maintes brèches. Une seule personne en ce monde aurait pu combler ces trous, créant devant les flots l’illusion que le barrage ne cèderai pas. Mais cette personne était peut-être encore à des jours de navigation. Iloan ravala sa salive et en ressenti l’aigre saveur de la défaite. Rageant contre le fils du Duc, il sombra dans ses pensées, et il n’entendit pas le fin son d’un navire glissant doucement sur les eaux du port, prêt à accoster. Quelques instants passèrent et Iloan rouvrit les yeux, émergeant de ses idées noires. Il ne savait pas s’il s’était endormi, ni combien de temps s’était écoulé depuis qu’il réfléchissait. Une minute, une heure ? Il gigota sur sa pile de caisse et s’apprêta à en descendre quand une main se posa sur son épaule avec légèreté. Malgré la douceur du geste, celui-ci arracha un sursaut à Iloan. Il se tourna d’un geste brusque. Puis il se détendit tout à coup, et sa peur céda la place à la joie. Bien qu’il ne voie toujours rien, il sentit à ses côtés la présence tant attendue de la jeune fille souriante et enjouée.
« Content de me revoir, Iloan ? demanda Lyla, le regard posé dans le sien. »
*
Les deux amis marchaient depuis une heure dans les quartiers des docks. Les parents de Lyla devaient décharger leurs affaires du navire et avaient donné quartier libre à leur fille. Le soleil était bas dans le ciel et une lueur orangée émanait des nuages à l’horizon.
« La nuit devrait tomber d’ici une demi-heure…remarqua Iloan. »
Lyla acquiesça. Elle avait remarqué elle aussi. Elle savait qu’Iloan ne pouvait voir le coucher de soleil qu’elle contemplait en marchant, mais elle ne fut pas pour autant troublée par le fait que le jeune homme ai pu ressentir la tombée de la nuit. Elle était peut-être la seule, mais elle comprenait la façon dont son ami percevait l’univers qui l’environnait. Bien que des choses restent obscures même pour elle, Lyla admettait que le jeune garçon puisse voir lui aussi, à sa manière, par un sens que lui seul possédait, par un pouvoir qu’il s’était forgé à force de lutter contre son handicap. S’il en avait été autrement, Iloan n’aurait jamais survécu seul sur les docks. Il n’aurait pu se procurer de la nourriture, ni se déplacer. Les aveugles des bas quartiers étaient pour cette raison condamnés à une mort certaine. Mais elle avait de suite senti que le garçon aux cheveux clairs était différent des malvoyants ordinaires. Dès le premiers jour qu’elle l’avait regardé dans les yeux, elle avait remarqué une certaine vivacité dans les pupilles bleues cyan du petit orphelin. Une tension comme électrique, une lueur de compréhension. Une preuve que les yeux du gamin ne subissaient aucun disfonctionnement. Au fil des jours qui suivirent cette première approche, un halo de mystère se forma autour du garçon à ses yeux, éveillant son intérêt. Lyla était une fille étrange, attirée par ce qui était différent. Elle n’était pas effrayée par ce qu’elle ne comprenait pas. Elle avait un tempérament déterminé, et son seul objectif devint de comprendre le petit gamin des quais. Ils avaient à peu près le même âge, et cela lui facilita la tâche. Rapidement, les deux enfants se lièrent d’amitié. Le temps passa alors que croissait leur complicité. Ils devinrent comme deux âmes unies par un fil invisible de compréhension. La fille savait ce que percevait le garçon aveugle, et celui-ci pouvait ressentir les émotions que la vue procurait à son amie. Une amitié plus solide que la plus grande des murailles s’était forgée. Une amitié qui subissait un choc à chaque fois que Lyla devait s’éloigner et voyager avec ses parents ; mais qui s’en trouvait d’autant plus renforcée à chaque nouvelle retrouvaille.
Ainsi, la jeune fille sentit immédiatement que quelque chose n’allait pas chez son compagnon.
« Quelque chose ne va pas, Iloan. »
Ce n’était pas une question, plutôt une affirmation, jugea le garçon. Il soupira.
« On ne peut rien te cacher, n’est-ce pas ? lui dit-il en se tournant vers elle, un sourire légèrement amusé aux lèvres. »
La fille interrompit sa marche pour l’observer. Son air fragile l’attendrissait. Elle lui fit face un instant, lisant dans ses yeux, puis posa sa main sur l’épaule du garçon.
« C’est encore Kielle ? murmura-t-elle d’un ton compatissant. »
Cette fois-ci, Iloan sentit que c’était une question, bien que son amie fût quasiment certaine de ce qu’elle avançait. Il acquiesça. Elle l’attira vers des tonneaux sur lesquels ils pourraient s’asseoir.
« _Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda-t-elle.
_Rien…
_Mon œil ! rétorqua la jeune fille d’un air moqueur.
_...Non… je veux dire qu’Elle n’a rien fait…expliqua le garçon.
_Qu’y a-t-il alors? s’intéressa Lyla. »
Elle n’eut pas de réponse. Son ami se contenta de tourner la tête vers le château d’Alderàn en affichant un air maussade.
« Je ne comprend pas…commença la jeune fille. »
Elle s’interrompit un instant.
« Tu veux dire Orméo ? »
Iloan acquiesça. La jeune fille resta pensive durant quelques secondes.
« Pourquoi le prends-tu mal, Iloan ? Tu n’es pas content pour elle ? »
Le garçon ne répondit toujours pas. L’air resta silencieux et Lyla s’impatienta.
« Tu sais, Iloan, je supporte de devoir aider un aveugle à se déplacer mais je n’ai pas le pouvoir d’engager une conversation avec un muet, lança-t-elle, souriant malgré elle. »
Le garçon fut lui aussi contraint de sourire devant l’esprit éternellement plaisantin de la jeune fille. Il se détendit un peu. Lyla avait un pouvoir étonnant. Un pouvoir qui manquait cruellement aux gens de se monde. Elle savait rire de tout. Et c’était sa force. Il se décida à parler.
« Comment perçois-tu le château, Lyla ? »
Quelque peu déconfite par l’étrange question de son ami, la fille resta elle aussi silencieuse un moment. Elle fini par comprendre qu’il lui demandait de décrire le château comme elle le voyait avec ses yeux.
« Il est grand…majestueux, commença-t-elle. Solide et fier sur son perchoir de roc. »
Iloan prit le temps d’analyser sa réponse. La jeune fille avait pris l’habitude d’utiliser des termes qui lui facilitaient la compréhension, car il était extrêmement difficile de se représenter quelque chose quand on n’avait jamais su ce que c’était exactement de voir.
Les mots utilisés par son amie lui permirent cependant de comprendre comment elle le percevait.
« Ce n’est pas ainsi qu’il se dresse devant moi, Lyla. »
La jeune fille se fit plus attentive, comprenant où son ami voulait en venir.
« Je ne perçoit qu’une masse de pierre froide. Trop grande que ce qu’elle devrait. Pas plus majestueuse qu’un mendiant ivre mort. Le château m’apparaît aussi terne que son Roi malade, aussi noir que le cœur du duc et aussi humide et triste que les cachots qui hantent son sous-sol. »
Lyla réfléchit en entendant ces paroles, faisant directement le lien entre cette idée isolée et leur conversation inachevée des instants précédents.
« Quel rapport, Iloan ? Quel rapport entre Kielle et Orméo et ce château. ? Orméo n’est pas terne, il n’est pas mauvais. C’est un homme charmant promis à un grand destin. Comment peux-tu ne pas être heureux pour Kielle. Elle, parmi tant d’autres, a la chance d’être celle qu’un tel homme a choisie. »
Iloan se redressa un peu sur son assise.
« Tu l’envies, Lyla ? Tu aimerais être à sa place, dans les bras d’Orméo ? Tiraillée entre les querelles du palais et les menaces constantes contre ta personne du simple fait de faire à présent partie des nobles ? Tu envies cette vie, Lyla ? Apprécierais-tu d’être confinée aux appartements imbécilement raffinés dont ces gens sont si fiers ? Te laisserais-tu emporter par l’illusion que cette richesse fait ton bonheur ? Ne sentirais-tu pas qu’elle t’emprisonne, t’étouffe, te manipule ? »
Lyla secoua la tête.
« Te plairais-tu à ressembler à un singe auquel on enfile une robe pour le cirque, Lyla ? »
La jeune fille avait les larmes aux yeux. Le garçon l’avait touchée.
« Non, Iloan…. sanglota-t-elle. Non je ne voudrais pas d’une telle vie. Mais je suppose que c’est à cause de mon statut de nomade. Nous avons une vision différente à force de vivre sur les quais. Mais le commun des personnes ne voit pas de cet œil, Iloan…si je peux me permettre ! ajouta-t-elle, retrouvant peu à peu son humour. »
Iloan esquissa à nouveau un sourire. La jeune fille reprit.
« Mais je suis sûre que Kielle est très heureuse de ce qui lui arrive.»
Ils se levèrent.
« Pas moi…ajouta le garçon pour lui-même, au plus profond de ses pensées.»
Il sentit la jeune fille lui lancer un regard faussement réprobateur tandis qu’elle se retenait de rire.
Il ne savait pas comment, mais elle avait entendu.
[A SUIVRE...]
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sriden -
posté le 01/04/2009 à 15:26:44 (16646 messages postés)
- | | Donc si je comprends bien, il faut en faire exprès de poster pour que tu puisses mettre la suite derrière ?
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Escapade | La 7e porte | Vader Ou La Fin des Haricots | Ketsuro | Polaris 03 | Blog ciné/jv | Mes albums de zyk : Diaphanous Horizons & Retranchements ౡ |
Nusenism -
posté le 01/04/2009 à 15:35:11 (4060 messages postés)
| | Non vous postez si vous avez quelque chose à dire seulement et si j'ai écrit la suite je la posterais.
Voila je chapitre suivant.
(pour info j'ai pas encore fini celui d'après! )
Chapitre 2 : L’Auberge du Marcheur
Lyla pressait le pas en direction de l’auberge dans laquelle ses parents résidaient lorsqu’ils séjournaient à Alderàn. Iloan était allé se trouver quelque chose à manger quand que Joey le Louche était venu la trouver, lui faisant savoir que ses parents la mandaient. Joey était le fils de l’aubergiste et devait avoir 19 ans. Il avait peu à peu acquis son surnom à cause de ses humeurs changeantes. Le jeune adulte passait d’une irritation froide à un état de réflexion philosophique sans raison apparente. Quant à ses activités, qu’en dire sinon qu’elles étaient aussi variables que son tempérament, allant de la gérance de l’auberge jusqu’au trafic illicite avec le Frère Köhck et sa bande. Lyla l’avait chargé d’expliquer à Iloan son départ et elle espérait qu’il s’y tiendrait. Le grand bonhomme blond avait tendance à oublier très rapidement les choses lorsqu’une pensée lui traversait l’esprit. La jeune fille prit la tangente pour se rendre à la Rue des Charretiers. Elle fit un détour pour éviter de passer près de deux ivrognes qui se battaient derrière la benne à ordures et croisa quelques vieux sans-abris édentés qui la fixaient d’un air significatif. Lyla leur adressa un regard noir et les dépassa, repoussant la main baladeuse du plus pervers d’entre eux d’un geste assuré. Il n’y eut pas d’incidents. Depuis le temps qu’elle fréquentait les quartiers mal famés des villes portuaires, elle avait appris à agir face à ce genre d’individus. Du fait de son physique attirant, elle avait depuis quelques années attisé leur convoitise. Elle s’était donc préparée, et ne se séparait jamais de sa dague pirate, trouvée sur la plage de l’île Pilka lors de sa dernière escale là-bas pour le festival d’été. Mais elle n’avait jusqu’à présent pas eu besoin de s’en servir, et elle espérait que cela durerait. Elles continua son chemin, passant devant un pauvre mendiant gisant parmi ses déjections, dont le lot de bouteilles vides traînait derrière la couche. Ravalant son dégoût, Lyla détourna les yeux. Elle prit la première rue à droite, puis la suivit sur une dizaine de mètres. Elle déboucha sur la Rue des Charretiers. Le lieu devint alors moins malsain, et l’odeur moins pestilentielle. Se mêlant aux autres passants, elle remonta l’avenue pendant une dizaine de minutes, jusqu’à arriver près des faubourgs intérieurs. Puis elle s’arrêta et pénétra dans un grand bâtiment côté ouest. L’Auberge du Marcheur se trouvait là, à la limite des docks d’Alderàn. De sa porte, quelques pas suffisaient pour rejoindre la Grand Rue, qui menait à l’intérieur des terres.
Lyla fit quelques pas dans la bruyante salle commune. Des éclats de voix s’élevaient de part et d’autre, ponctués de hurlements de colère et de fous rires. Le fracas des chopes les unes contres les autres lorsque les clients trinquaient entre eux donnait au lieu un air de taverne. C’est d’ailleurs ce qu’il était en réalité, pour l’ambiance du moins, le nom d’auberge ne venant que du fait qu’on puisse dormir et y manger. Lyla chercha ses parents dans l’agitation générale. Elle finit par apercevoir la chevelure violette de sa mère, significative de son appartenance au peuple des îles, et dont elle avait elle-même hérité. La troubadour avait des cheveux longs bouclés qui lui tombaient sur les épaules tandis que sa fille les avait plus lisses et soigneusement attachés, mais leur lien de parenté n’en restait pas moins indissimulable. Se frayant un passage entre les tables en prenant garde de ne pas renverser la jeune servante qui s’y faufilait avec agilité, Lyla s’approcha du bar faisant office de comptoir. Sa mère discutait avec un serveur.
« _Quel est le problème Harrim ? Ton patron ne peut pas me recevoir ? s’étonnait la femme des îles.
_Le gérant traverse une période assez troublée ces derniers temps et il a beaucoup de travail. Il ne pourra vous recevoir qu’en fin de soirée, votre mari devra attendre, expliquait le serveur, embarrassé. »
La jeune fille intervint dans la conversation.
« _Tu m’as fait appeler, maman ? s’enquit-elle.
_Lyla ! Te voila enfin ! remarqua sa mère, un sourire aux lèvres.
_Qu’est-ce qui se passe ? Où est papa ?
_Ton père cherche le gérant de l’établissement. Il semble être introuvable.
_Je vous prie de m’excuser, intervint le serveur. Mais mon patron est simplement occupé, pas disparu !
_Dans ce cas, vous devriez être capable de me dire ou il se trouve en ce moment, jeune homme ! répliqua la belle femme aux cheveux bouclés.
_Mon patron ne me fait pas savoir où il se rend à chacun de ses déplacements. C’est un homme occupé et…
_Foutaises ! Nous savons tous les deux quels genre d’affaires occupe Jamy Cups ! Dis-moi plutôt comment va son petit bordel ! lâcha la troubadour d’un ton mordant.
_Madame ! Votre fille…
_Pardon, c’est vrai. Lyla, veux-tu monter dans ta chambre pendant que je discute avec ce brave homme ?
_Je ne peux pas ressortir ?
_Ton père auras à te parler, tu restes ici.
_Mais, je n’ai qu’à aller le rejoindre sur les quais…
_Lyla ! Tu restes ici, dois-je le répéter encore une fois !? »
Le ton n’était plus à la plaisanterie. La phrase était sèche. L’ordre n’était pas discutable, et Lyla l’avait compris. S’excusant auprès de sa mère, elle monta les marches grinçantes de l’auberge et entra dans la chambre que ses parents avaient louée. Elle s’assit sur la paillasse qui faisait office de lit et réfléchit. Qu’est-ce qui avait pu pousser sa mère à s’emporter ainsi, elle qui était d’habitude si calme ? Que cachait ce serveur ? Et cette histoire de bordel…
La jeune fille fut sortie de sa méditation par un cri strident au rez-de-chaussée. Il y eu un grand fracas et des éclats de verre. Peut-être un vitre ? Ou des verres ? Non, on servait dans des chopes, ce devait être la vitre. Lyla sortit de la chambre. L’agitement allait en croissant. Elle descendit quelques marches. Des tables étaient renversées, et la vitre à gauche de la porte était brisée. Un corps gisait non loin. Du sang coulait de sa tempe. Tout le monde était sur le qui-vive. Apparemment, il n’y avait pas eu de bagarre, mais un homme était à terre. Frappé de l’extérieur du bâtiment ? pensa Lyla. Impossible, un arc n’aurait pu briser la vitre et tuer l’homme d’un même coup. De plus, il n’y avait pas de flèche. Pas de carreau non plus, ce qui excluait la perspective d’un tir d’arbalète. La jeune fille était perdue. Le serveur qui discutait avec sa mère hurla :
« ATTENTION ! CE SONT LES ARTILLEURS ! »
Il y eu des coups de tonnerre. Lyla vit sa mère plonger à terre tandis que des rafales filaient au-dessus de sa tête. Le serveur fit les gros yeux et fut projeté un mètre en arrière, perforé par deux fois au torse. Il resta à terre, le sang imbibant sa chemise blanche. La porte s’ouvrit à la volée. Les clients se pressaient, se poussaient, trébuchant les uns sur les autres, fous de terreur. Chacun essayait d’atteindre une sortie au plus vite. Des hommes vêtus de capes pénétrèrent dans le bâtiment. Ils n’étaient que trois, mais ils tenaient à la main des armes redoutables. Dans ce monde médiéval, chaque différent se réglait au fil de l’épée. Les barbares et bandits se battaient parfois à l’aide de haches ou de masses, et les soldats maniaient tous l’arc. Mais les Artilleurs avaient depuis peu semé le trouble dans les anciennes traditions. Troupe d’élite du Duc Lugan, ils avaient bénéficié d’une invention bien nouvelle. Les armes à feu. Ainsi, toute cette unité d’élite se trouvait armée de Lights, sortes de pistolets optimisant l’utilisation de la poudre et décochant des traits d’une puissance et d’une vitesse extraordinaire. Ces machines à tuer, qui n’étaient auparavant utilisées et connues que de quelques bandes de pirates, étaient fortement dépréciées de la population. Les traditions voulaient que depuis la nuit des temps, chaque homme puisse défendre sa vie avec honneur, que chaque bandit aie la possibilité de livrer son dernier combat et sombrer sans honte, que chaque soldat meure au fil de l’épée, dans la gloire du combattant. Mais le Duc Lugan avait brisé les habitudes, faisant fi de ces pratiques. Ce soir déjà, deux hommes étaient morts, et aucun n’avait vraiment vu le coup venir. Deux hommes avaient été abattus sans savoir pourquoi ni comment. Deux hommes avaient perdu la vie et sans même avoir le temps de s’en rendre compte.
La voix d’un Artilleur s’éleva, ordonnant à toutes les personnes présentes de déposer les armes et de rester immobiles.
Lyla sursauta et poussa un petit cri en sentant une main la saisir par l’épaule. Mais le son fut étouffé par une autre main qui se plaqua sur sa bouche. Elle fut tirée en arrière et replongea dans l’obscurité du couloir. Trop surprise pour se débattre, elle se laissa porter jusque dans la pièce faisant face à sa chambre. Son ravisseur referma la porte sans un bruit et tourna le verrou. Puis il la libéra. La nuit était tombée et seules les lumières de docks éclairaient la scène. La jeune fille fit face à l’homme qui l’avait amenée là. Ses cheveux étaient sombres et coupés courts. Sa posture n’était pas menaçante. Lyla se détendit tendis que l’homme s’approchait un peu plus d’un rayon de lumière.
« _Lyla ! Que faisais-tu ?!
_Papa ! Maman est en bas et…. expliqua la jeune fille, trépidante d’inquiétude.
_Je sais ! coupa l’homme. Mais qui écoutais-tu ?!
_J’ai entendu des cris et j’ai voulu voir ce qui se passait ! Une vitre est brisée et les Artilleurs ont…. ! »
Elle s’arrêta soudain. Quelque chose avait bougé dans le coin le plus obscur de la pièce. Il y avait quelqu’un ici qu’elle n’avait pas remarqué. Une silhouette imposante se déplaça jusqu’à devant la fenêtre. Lyla reconnut le visage dur et truffé de cicatrices de Jamy Cups, le gérant de l’auberge. Celui-ci retira son éternel cigare de ses lèvres et s’exprima.
« On dirait que tu t’es fait un sang d’encre pour rien, Orlo ! ricana-t-il à l’adresse de son compagnon. »
Il prit une bouffée de fumée qu’il savoura plusieurs secondes puis jeta le cigare sur le plancher et l’écrasa de la semelle de ses bottes.
« _J’ai cru qu’elle avait surpris notre conversation, Jamy, répondit Orlo d’un ton à moitié soulagé. Tu sais que je ne veux pas q’elle soit mêlée à tout ça !
_Oui mon ami… Je comprends. »
Il y eut un silence tandis que les deux hommes se jaugeaient du regard. Puis un léger craquement du plancher ramena tout le monde à la réalité. Le regard lourd du gérant subit comme une lueur de panique et il s’agita.
« Ils sont dans les escaliers ! souffla-t-il dans un murmure rauque parfaitement audible. Lyla se tourna vers son père. Celui-ci pivota vers la porte et tendit l’oreille. D’un geste vif, il vérifia qu’elle était bien verrouillée. Les pas retentirent dans le couloir. Jamy Cups lança un regard à Lyla et lui fit signe en montrant la fenêtre.
« Fuis, petite ! »
La jeune fille ouvrit des yeux ronds.
« _Papa ! Que…. ?
_Fais ce qu’il te dit, la coupa son père. Nous sortirons juste après toi ! »
Elle resta un instant immobile, surprise et hébétée. Puis des coups frappés à la porte et le regard implorant du gérant la tirèrent de sa torpeur. Elle s’approchait de la fenêtre alors qu’une voix lançait :
« Ouvrez ! Ordre du Duc Lugan ! »
Elle enjamba la balustrade et se laissa tomber sur le toit voisin. Sa tête était à présent à hauteur de l’ouverture. La voix en provenance du couloir résonna à nouveau.
« Ouvrez immédiatement ! »
Jamy commençait lui aussi à sortir. Il faisait des petits gestes à Lyla de sa main de colosse.
« Sauves-toi je te dis ! On n’est pas encore tirés d’affaire ! »
Lui accordant un dernier regard, Lyla acquiesça, puis elle s’élança sur les toits, sautant avec souplesse d’un à l’autre aussi vite qu’elle le pouvait. Si elle n’avait pas été aussi inquiète pour son père et sa mère, certainement aurait-elle apprécié cette escapade par la Rue des Ombres. L’air était frais et le vent léger faisait flotter ses cheveux couleurs nuit derrière elle. Le ciel dégagé et l alune presque pleine lui permettaient une vision claire des alentours. Oui, Lyla aurait beaucoup apprécié cette excursion sur les toits. Ce lieu duquel on voyait tout et l’on ne nous voyait pas. Cette rue spéciale où l’on oubliait toute la misère des docks ; où l’on respirait la liberté en planant de toit en toit, en harmonie avec l’obscurité, se jouant des lois de la gravité. Mais Lyla n’eut pas le temps de remarquer cela. Elle jetait constamment des regards en arrière dans l’espoir d’apercevoir son père ou même Jamy. Mais elle n’aperçut aucun des deux. Le gérant était déjà pratiquement sur le toit lorsqu’elle s’était sauvée. Il avait forcément réussi à s’en tirer. Et son père….il avait du avoir largement le temps de fuir lui aussi, le temps que les Artilleurs n’enfoncent la porte. Lyla ravala l’inquiétude qui la rongeait. Ils devaient être saufs. Sa mère aussi allait bien. Elle avait échappé aux coups de feu. La jeune fille arrêta sa course. Le toit suivant était beaucoup trop éloigné pour qu’elle l’atteigne d’un saut. Elle observa les alentours. Du côté faisant face à l’immense étendue bleue de l’océan, elle aperçut une petite cour avec un puit. Un cabanon adossé au mur lui permettrait d’attendre le sol sans avoir à se briser les os. Cherchant des prises et prenant garde qu’aucune tuile ne glisse sous ses pieds et ses mains, elle entreprit la descente.
*
Les étoiles commençaient à apparaître quand Iloan trouva enfin de quoi manger. Le poissonnier qui hurlait ses prix quelques heures plus tôt n’avait pas écoulé son stock, et il daigna, presque à contrecoeur, accorder au gamin des quais une poignée de sardines, conservant le reste pour lui-même et ses chiens. Après avoir réussit à arracher un sourire bienveillant au poissonnier et l’avoir remercié, Iloan reprit son vagabondage dans les docks, le casse-croûte en main. Il contourna par l’arrière le poste des amiraux, puis longea un moment la Ruelle du Klampin. Enfin, il passa devant la taverne du vieux Berny. Bifurquant à gauche, il se faufila entre deux planches brisées derrière la barrière et s’installa sur le sol, dos au mur de chez Berny. Il engloutit ses sardines rapidement et lança les arêtes dans la poubelle à quelques mètres de lui. Un chat sauta vers elle au moment et entreprit de fouiller dans les ordures.
« Il n’y a pas que moi qui suis affamé, pensa Iloan. »
Il contempla le ciel quelques instants, et s’assoupit quelque peu. Il fut réveillé par un bruit de ferraille. La poubelle était renversée et il crut sentir le chat filer précipitamment. Quelque chose frôla la barricade par laquelle il était entré.
« Pssssst ! »
Iloan fronça les sourcils. Qu’est-ce que ça pouvait bien être… ?
« Hey ! Psssst ! Iloan ! Tu te réveilles trouduc ! »
Trouduc !? Iloan se redressa.
« Heu… Joey ? C’est toi ? »
L’autre sembla s’agiter derrière la barricade.
« _Qui veux-tu que ce soit ?! Bon tu sors de là ou tu attends le pot-au-feu !?
_Ça va, ça va, j’arrive ! »
Le jeune garçon traversa l’ouverture et entama sa marche aux côtés du fils de l’aubergiste. Au bout de quelques pas, il s’arrêta.
Joey ralentit lui aussi l’allure pour l’observer.
« Joey, dis… tu n’étais pas sérieux pour le pot-au-feu hein ? »
[A SUIVRE...]
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verehn -
posté le 01/04/2009 à 22:47:24 (9058 messages postés)
- | Vhehrhehn | sriden a dit: Donc si je comprend bien, il faut en faire exprès de poster pour que tu puisses mettre la suite derrière ? |
Et voilà. On est prêts pour le prochain.
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Nusenism -
posté le 09/03/2010 à 13:08:54 (4060 messages postés)
| | Si c'était pas mon topic, ça ressemblerais à un sacré nécropost...
Bon en fait j'uppe car j'ai repris il y a peu l'écriture.
Le prologue, en premier post, sera bientôt remanié.
Et là, voici le chapitre 3 du Prince et la Rose.
PS: le lien dans ma signature "The StupidStories" renvoie vers l'overblog qui regroupe mes écrits et autres, si ça intéresse certains.
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Chapitre 3 : Les Feux du Prince
Joey ruminait dans sa barbe mal rasée des mots incompréhensibles, les yeux vides d’expression mais une grimace frustrée peinte sur le visage. Iloan cherchait à comprendre ce que racontait son compagnon. En vain.
« _Qu’est-ce qu’il y a, Joey ?
_Rien, microbe ! »
Le jeune garçon aveugle sentit une boule dans l’estomac. Pourquoi le fils de l’aubergiste avait-il l’air aussi énervé ? Il espérait n’avoir rien dit ou fait qui puisse le vexer, mais il ne voyait pas quoi…
« _Joey… ? Tu sais…heu… c’est pas grave pour le pot-au-feu, hein ! Je ne t’en veux pas ! Pas besoin de te mettre dans tous tes états !
_Mais non, crétin ! Je m’en contrefiche de ton pot-au-feu ! C’est juste que je devais te dire un truc et… impossible de me souvenir quoi !
_Peut-être qu’en forçant un peu moins sur l’eau de vie tu…
_Oh fermes-la ! J’ai quasiment rien bu aujourd’hui ! C’est pas parce que
tu m’as vu pas très net une fois, ou deux, que je suis un alcoolo !
_Bon alors ?
_C’est ta copine là… la minette aux cheveux bizarres !
_Tu peux être plus précis ? Je te rappelle que je ne vois pas les cheveux des gens, contrairement à toi !
_Mais oui tu sais ! Une naine ! Elle vadrouille de partout quand elle est par
là ! Ses parents logent à l’auberge de mon père !
_Lyla ?
_Ouais, mec ! C’est ça ! Lyla donc !
_Bon d’accord. Et Lyla quoi ?
_Bin c’est justement ça le problème ! Je sais plus !
_Joey, tu as vraiment une mémoire de…
_Eeeeeh ! Mais comprends-moi un peu, p’tit gars ! J’avais pas oublié un mot de ce qu’elle avait dit ! Jusqu’à ce qu’une force insoutenable m’attire dans le foin de l’écurie pour y piquer un petit somme ! Pis je me suis réveillé, je savais que je devais faire un truc ! Mais juste là quand ça allait me revenir ya le Frère Köck qu’est venu me voir parce qu’il avait un super
plan ! Un truc tout à fait légal et tout tu vois, et…
_Et tu as oublié.
_Non ! Je me suis souvenu que je devais te trouver ! Alors j’ai filé en vitesse !
_Tout ça pour quoi ? Tu ne sais même pas ce que dois me dire, Joey !
_Ouais mais attends ! J’oublie souvent les trucs mais ça fini toujours par revenir, mon pote !»
Le grand dadais leva les yeux au ciel et commença à faire les cent pas en grommelant, ponctuant couramment son manège de: « Minute, minute, ça va venir ! »
Au bout de quelques instants sans réponse, Iloan commença à se lasser et entreprit de laisser le pauvre type dans son délire.
Le jeune homme blond ne remarqua pas que son compagnon se défilait et continuait d’agiter le doigt, en scrutant ses chaussures cette fois et articulant bien fort :
« Je l’ai sur le bout de la langue ! »
*
Lyla posa pied à terre à quelques mètres d’un puits en pierre. Elle observa les alentours. La rue semblait vide. Il lui semblait avoir entendu des coups de feu, mais ils s’étaient arrêtés. Elle n’entendit pas non plus de cris. L’agitation s’était sûrement calmée. De toute manière, jugea-t-elle, elle se trouvait à plusieurs quartiers de l’Auberge du Marcheur. Elle était hors de danger. La jeune fille prit donc une grande bouffée d’air, s’emplissant les poumons de l’air frais de la nuit, les yeux fermés, se délectant de la douce odeur de l’océan. Elle n’eut cependant pas le temps de rouvrir les paupières qu’un bruit l’alerta. Elle se plaqua en hâte
contre le mur, espérant profiter de l’obscurité comme couverture. Des pas
légers approchaient. Une silhouette passa dans la rue. Elle se découpait à la lumière des torches. Lyla ne put distinguer qu’une forme noire, de petite
taille, l’effet de contre-jour lui en dissimulant les traits. Sa démarche
paraissait incertaine. Pas le genre de bonhomme à faire vraiment peur, pensa Lyla. Mais avant de sortir de sa cachette elle se ravisa. Cela pourrait être un leurre. Qui sait de quoi peuvent être capables les Artilleurs. Lyla entamait une réflexion sur la raison de leur irruption dans l’Auberge lorsqu’elle fut prise de panique. La silhouette s’était figée. Impossible de savoir vers où se dirigeait son regard. Avait-elle déjà été repérée. Lyla retint son souffle, effrayée. Des gouttes de sueurs perlèrent sur son front.
« Lyla ? Qu’est-ce que tu fais ici ? »
La jeune fille relâcha tout à coup l’air qui emplissait ses poumons et laissa échapper un cri de surprise.
« Iloan !? demanda-t-elle d’un air hébété. »
La silhouette hocha la tête. Le jeune garçon s’avança.
Lyla sortit de sa cachette et le rejoignit à la lumière, ne se posant même pas la question sur le comment son ami non-voyant l’avait repérée.
« _Qu’est-ce qui t’arrives ? Joey m’a dit que tu lui avais laissé un message
mais…commença Iloan.
_C’est terrible, Iloan, le coupa Lyla. Terrible. »
*
Le soleil était haut dans le ciel sur les docks d’Alderàn. Il régnait dans les rues une grande agitation, et la population ne parlait que de la grande fête qui allait avoir lieu. En fait, les Feux du Prince, fête annuelle en l’hommage du premier Prince d’Alderàn, avaient envoyé aux oubliettes l’incident de la veille à l’Auberge.
Sur les quais, des ouvriers s’attelaient à la tâche pour mettre en place les
tables, les barricades et estrades, ainsi que les pistes.
Les Feux du Prince étaient l’une des plus grandes manifestations du Royaume des Landes, et tout le monde y était invité, sans distinction de rang. On y buvait, on y mangeait, on y dansait. Un nombre impressionnant de troubadours de contrées lointaines étaient engagés pour animer la soirée. Il s’y déroulait souvent des défis sportifs, et l’ambiance était à la joie et au rire.
Les évènements qui donnèrent lieu à cette fête eurent lieu près d’un millénaire auparavant.
Le Royaume d’Alderàn était à l’aube de ses jours. La cité ne s’étendait pas encore jusqu’à l’océan. Les habitations n’étaient que dans les hauteurs, sur le flanc des Monts Castans. Le premier roi venait de mourir, et le jeune Prince, qui est celui dont parle la légende, se hissait à la tête du Royaume. Mais la période était troublée, et un évènement tragique survint. Alors que le Château n’était pas encore entièrement construit, des éclaireurs aperçurent des voiles qui se dirigeaient vers la baie où se trouve de nos jours le port. Les navires semblaient nombreux. Le Prince, plus instruit que ses éclaireurs, se déplaça et les observa de sa longue vue. Il sut alors que les ennuis commençaient. Il s’agissait de l’Armada Pirate de Karn le Maudit. Une flotte de plus de quinze vaisseaux pirates sous les ordres d’un même capitaine. On le décrivait comme un géant balafré aux cheveux d’azur. Les rumeurs racontaient qu’il maniait des
armes plus grandes que lui. Mais ce n’était pas le plus effrayant. Karn aurait été trahi par les siens lors son adolescence. Pris de haine, il aurait pactisé avec le diable. Celui-ci lui offrit de lui faire oublier le passé, lui promit qu’il ne connaîtrait plus jamais ni chagrin, ne tristesse. Le jeune homme accepta. Il devint alors ce guerrier maudit qui n’éprouvait ni peur ni pitié. Et, poussé par son pacte avec le démon, il attaquait les navires et rasait des cités. La légende de Karn le Maudit raconte qu’aucune cité qu’il avait attaquée ne put lui résister. Aucune, jusqu’à Alderàn.
Ce jour fatidique, la flotte de Karn, au complet, posa l’ancre au large de la côte près du tout jeune Royaume des Landes. Des embarcations par dizaines approchèren à grands coups de rames de la terre ferme.
Les pirates débarquèrent sans discrétion. Une véritable armée de plusieurs centaines de guerriers des mers dévala la plaine conduisant aux reliefs qui abritaient la cité d’Alderàn. Ils arrivèrent bientôt aux abords de la ville. Les remparts étant encore en phase de construction, rien ne les arrêta. Le Prince avait bien sûr dépêché la formation d’une légion armée pour faire face aux pirates, mais c’était sans espoir. Les hommes de Karn étaient plus nombreux, plus entraînés, mieux armés. La victoire du capitaine maudit semblait inévitable.
Alors, un jeune berger, Dewyh de son prénom, fit irruption au milieu du combat, pointant une fourche directement vers Karn.
Le combat s’arrêta en un instant. Le jeune homme prit la parole.
« Karn le Maudit ! Je te propose un défi que l’honneur d’un pirate ne te permet pas de refuser. Je te défie de me combattre, seul à seul, là sur la
Grand-Place ! »
Le géant resta de marbre. Le berger qui lui faisait face et qui osait le défier était haut comme trois pommes et large comme une seule. Il tenait mal sa fourche, et ses chaussures trop instables gêneraient considérablement ses déplacements au combat. Il n’avait pourtant pas l’air de songer à les retirer. Mais peu importait à Karn. Un défi était un défi, qu’il soit lancé par une mouche ou par un dieu. Nombre de pirates étaient dépourvus d’honneur, mais pas lui. C’était même le seul sentiment qu’il éprouvait, une sorte d’amour propre, dirigé uniquement vers
lui-même. Refuser un défi salirait sa personne, c’était impensable.
D’un hochement de tête, le géant acquiesça.
Les hommes s’écartèrent. Le géant leva sa lame, et le combat commença.
Les coups mortels du capitaine démoniaque fusaient dans tous les sens. Et le berger les évitait. D’un poil, certes, mais c’était suffisant.
Au moment qu’il jugea opportun, le fougueux Dewyh se faufila sous la garde de Karn. Sa fourche décrivit un cercle et taillada le visage du pirate. Le sang coula. Ne lui laissant pas le temps de se reprendre, le jeune homme frappa derrière les genoux, et à la nuque. Chaque impact était suivi d’un craquement d’os.
Le pirate maudit s’effondra. Les hommes n’en croyaient pas leurs yeux.
Les citoyens ayant survécu jusque là entraperçurent une lueur d’espoir.
Le berger avança vers le corps étendu du démon.
Le visage ensanglanté, les yeux clos, les os de la nuque et des jambes déboîtés, Karn devait être à l’article de la mort.
Mais un élément perturbait cette logique. Le jeune homme se battait comme si le tout-puissant guidait son bras, certes. Mais la malédiction du géant en faisait le suppôt du Diable. Et un suppôt du Diable… ne meurt pas aussi facilement.
Inexplicablement, Karn bougea. Tout ce passa en un éclair. Il se releva et abattit le berger d’un revers de lame. Le crâne du courageux combattant vola en éclats, et sa fourche tomba au sol.
Tout le monde - y compris les pirates -, devint blême.
Si les légendes ont toutes un fond de vérité, celle-ci en avait un verre remplit. Prenant une grande inspiration, Karn s’apprêtât à ordonner l’assaut. Mais il n’en fit rien. Derrière lui, derrière ses hommes, qui n’avaient encore rien remarqué, la légion armée du Prince s’était mise en place. Les lanciers tenaient leurs piques à une distance suffisamment proche de leurs cibles pour les embrocher sans peine.
Le pirate leva les yeux. Sur les toits, des archers guettaient.
La corde déjà tendue, les cibles déterminées.
Le Prince s’avança vers le démon. Il lui parla en ces termes.
« Ô Karn le Maudit, ton règne de terreur est fini.
A présent, choisit. Choisit entre la vie de tes hommes et ta liberté.
Ils sont à ma merci, toi seul peut les sauver. »
Le pirate de cilla pas. Il ne donna pas l’air d’hésiter, n’ouvrit même pas la bouche. Son regard était vide. Il appuya sa gigantesque épée contre son épaule, et fit volte-face, marchand vers la mer.
Le destin de ses hommes le laissait indifférent.
Ceux-ci, comprenant le désintérêt que leur portait celui qu’ils servaient, renoncèrent à se rebeller.
Si à présent ils auraient pu tuer le pirate, il n’en fut rien.
Aucun homme, aucun soldat ne se dressa sur sa route.
Le démon finit par disparaître au loin, prenant le large, seul.
Quant aux autres navires, on raconte qu’ils constituèrent le point de départ de ce qui devint la flotte du Royaume des Landes.
Le port fut construit dans les mois qui suivirent.
D’après la légende, Karn vogue toujours, seul et sans but, tel un revenant, sur les mers d’Elemsis.
Depuis, le jour de cet évènement est commémoré chaque année avec la fête la plus importante du Royaume : les Feux du Prince.
Des animations se déroulaient partout. Des pièces de théâtre en plein air retraçaient le combat contre les pirates, embellissant l’action.
Et le Prince du moment, quand il y en avait un, et c’était le cas cette année avec Orméo, devait relever tous les défis accordés par un jury, se mesurant aux gens du peuple. C’était son devoir de courage, pour se montrer digne de son illustre prédécesseur.
Ceux qui le défiaient, quand à eux, avaient également un honneur à défendre, car ils incarnaient le petit peuple, et rendaient ainsi hommage à Dewyh, le courageux berger.
Tout ceci explique donc des préparatifs immenses, et l’activité de la ville battait à plein.
*
Iloan avait laissé Lyla car elle devait répéter pour sa première représentation. Après tout, c’était le métier de ses parents, et elle devrait suivre leur voie.
Le jeune garçon savait que son amie avait une âme plutôt aventurière, et il se demandait pourquoi elle serait troubadour. Elle qui dévorait les ouvrages des aventures de l’Indien John comme si elle les vivait.
Elle lui avait avoué qu’en tant que troubadour, elle voyagerait.
Et c’est en voyageant que l’aventure ouvre ses portes.
Iloan comprenait. Il se sentit soudain triste.
Un jour, Lyla partirait à la découverte du monde.
Et même si elle aurait aimé qu’il l’accompagne, il ne le pourrait pas.
Un aveugle ne serait qu’un boulet et la mettrait en danger.
Il ne voulait pas ça.
Le jeune garçon des quais se reprit. Pas besoin de se morfondre sur son sort ! Il décida d’aller chercher Joey. Kielle, la jeune servante du palais, serait présente ce soir à la fête, et serait sûrement courtisée par Orméo. Il avait besoin d’un esprit malin pour lui donner des conseils.
Joey était un imbécile, mais un imbécile rusé. Le conseiller parfait pour l’occasion. Il se mit à sa recherche.
Une demi-heure plus tard, il se rendit dans le quartier le plus mal famé.
Le dock est. Il était passé à l’Auberge du Marcheur, mais Joey n’y était pas. Il ne dormait pas non plus dans le foin près de l’écurie, et n’était pas occupé à tyranniser Elmondo, le fils à papa du coin.
Personne ne l’avait vu à la taverne du vieux Berny.
Plus que deux possibilités, soit Joey était mort, soit il préparait un coup foireux avec un des ses amis.
Et pour mourir ou pour préparer un mauvais coup, un seul lieu : le dock est. Plus précisément, le vieux pub. Iloan marchait au milieu de ce quartier dans lequel il n’aurait amené Lyla pour rien au monde.
On le regardait passer. Les racailles du coin connaissaient le gamin des rues depuis son plus jeune âge, et ne risquaient pas de s’en prendre à lui.
Il finit par se trouver devant un bâtiment à l’aspect miteux.
Une pancarte pendouillait, se balançant au gré du vent.
Elle indiquait : Pub des Bandits.
De quoi éloigner les visiteurs censés.
En fait, le pub était fermé depuis des lustres.
Mais Joey et sa bande l’utilisaient comme quartier général.
Et ce n’était pas les autres vandales du coin qui allaient les dénoncer.
Non ! Les nobles pouvaient dire ce qu’ils voulaient de la pègre des docks, ils étaient solidaires. Les bouches demeuraient closes.
Iloan grimpa deux marches poussiéreuses, ignora la porte
de devant, condamnée, fit le tour, et entra par la réserve.
Il déboucha bientôt dans la salle principale. Les tables étaient renversées.
Le bar était sale.
Duck Silver faisait office de barman. C’était un gros musclé qui aimait rire et boire. Il salua Iloan tandis que celui-ci s’avançait vers une des tables encore debout. Trois hommes mal rasés, la vingtaine environ, jouaient aux cartes. L’ambiance faisait penser à un bon vieux western.
Le poker, les yeux qui surveillaient chaque expression, chaque mouvement des adversaires. La seule différence était que le tricheur risquait tout ou plus une dent cassée dans une bagarre amicale, ils ne jouaient pas d’argent, pour ça, ils auraient du en avoir.
Arrivé près de la table, le jeune garçon les interpella.
« Vous avez vu Joey ? »
Ils se retournèrent. L’un d’eux lui fit signe d’attendre, oubliant qu’il ne voyait pas. Mais peu importa, le garçon attendit.
« Hé ! Köhck ! Le gamin cherche Le Louche ! »
Le dénommé Köhck se redressa en entendant son nom.
Il était dans un coin sombre de la pièce, vêtu d’une robe noire, en discussion avec un fermier parcouru de tremblements.
« _Ok j’arrive ! annonça-t-il. Allez déguerpis toi ! ajouta-t-il en
s’adressant à son précédant interlocuteur.
_D…D’accord ! Merci pour la farine, Frère Köhck ! répondit ce dernier, toujours tremblant.
_C’est ça oui… c’est ça. »
Le prêtre, bien jeune pour réellement prétendre à ce titre, s’approche du gamin des docks. Un demi-sourire sur les lèvres, il s’adressa à Iloan de manière amicale.
« _Alors l’aveugle ! Qu’est-ce qui t’amènes ?
_Tu devrais arrêter de refiler ta poudre à ce fermier, il n’est pas en bonne santé, sa voix tremblait.
_Et pas que sa voix je peux te le dire ! répliqua frère Köhck, les mains posées sur son ventre dodu pendant son hilarité.
_Ce n’est pas digne d’un homme d’église.
_Bah ! Dit donc ça à cette chère sœur Kougnass alors !
_Où est-elle ?
_Dans l’arrière-cuisine avec Joey.
_Que font-ils… ?
_La cuisine pardi. Ils préparent la sauce blanche pour le banquet. »
Les voyous jouant au poker pouffèrent dans leur coin.
Iloan regarda le jeune prêtre suspicieux.
« _Ne me raconte pas de bobards, Joey est nul en cuisine.
_ Eh bien…, commença le prêtre, contenant tant bien que mal une hilarité montante ; je crois que sœur Kougnass n’est pas du tout de cet avis ! »
Les hommes derrière éclatèrent de rire cette fois, allant jusqu’à renverser leur bière.
« Bon, Iloan, lui dit Köhck en se reprenant. Patiente quelques minutes. J’irais te chercher Joey dès que je serais sûr que… la sauce est… prête, ok ?
_Ok ! »
Le prêtre lui adressa un clin d’œil que le gamin des docks devina plus qu’autre chose, et s’assit à la table du poker, annonçant qu’il entrait dans la partie. Iloan écouta leurs paroles, cherchant à comprendre les règles de ce jeu auquel il n’avait jamais pu participer.
*
Des ouvriers s’affairaient en nombre sur la Grand Place. On montait des estrades, plaçait des tables. Des pistes de danse étaient aménagées près des orchestres, des espaces libres délimités par des traits de peinture au sol pour les défis. Lyla venait d’arriver, essoufflée. Elle avait couru
depuis les docks, avait rejoint la Grand Rue, qu’elle avait remonté, traversant de part en part le quartier des plaines, pour arriver aux pieds des Monts Castans. Elle avait passé la seconde muraille épuisée, entrant dans la partie fortifiée de la ville d’Alderàn. La Grand Rue continuait une petite centaine de mètres, puis elle débouchait enfin sur la place.
La jeune fille chercha du regard ses parents. Elle grogna de mécontentement. Avec toutes ces fourmis qui allaient et venaient, il était impossible de repérer qui que ce soit. Elle se fraya un passage au milieu de la foule, s’approchant des différentes estrades. Après un quart
d’heure de recherche désagréable, elle aperçut son père sur une petite scène, en train de fixer une planche rebelle. Elle accourut jusqu’à lui.
« Papa ! Papa ! Tu vas bien ? Ou est maman ? »
Son père lança un regard inquiet aux alentours, comme s’il avait peur d’être observé. Il fit signe à sa fille de le suivre derrière l’estrade.
A l’abri des regards il s’adressa à voix basse à sa fille.
« Oui chérie, tout le monde va bien. Maman est allée chercher les cerceaux et des habits. »
Sa fille sembla rassurée. Mais elle ajouta :
«_Et Jamy Cups ? Pourquoi les Artilleurs ont débarqué ?
_Chérie, je ne peux pas t’expliquer, disons que les hommes du Duc savaient qu’il se tramait quelque chose de louche et qu’ils sont intervenus.
L’homme qui a été abattu en premier était un hors-la-loi recherché, quand à ce pauvre Harrim, ils avaient découvert son implication dans le bordel clandestin de Jamy. Enfin quoi qu’il en soit, le gérant de l’Auberge a fui avec moi. Il a ensuite fait demi-tour, seul, feignant de rentrer des quais et de découvrir avec effroi la présence des Artilleurs.
_Mais c’est n’importe quoi ! Pourquoi fuir si c’est pour revenir instantanément ?
_Lyla, il ne faut pas que quiconque se doute que Cups et moi sommes en relation. Si les Artilleurs nous avaient trouvés en train de discuter dans cette pièce… enfin peu importe. Fais-moi confiance Lyla. Je ne suis pas un criminel. Mais Jamy et moi avons des plans à mettre en œuvre, et le Duc n’aime pas ça du tout. Il ne faut plus en parler à présent. »
La jeune fille hocha la tête. Elle connaissait son père, il n’était pas mauvais, et il n’avait pas l’âme d’un escroc comme Cups ou son fils Joey.
Il devait agir pour la bonne cause.
Le troubadour leva les yeux.
« Tiens, voila ta mère. File la rejoindre, tu joues avec nous ce soir, ne l’oublies pas ! »
*
Allongé dans le foin, il éternua.
Joey le Louche était vraiment une sacré peste de le faire venir parler dans la grange alors qu’il était allergique au foin.
Iloan se redressa pour calmer un peu son irritation.
« _Bon, Joey, qu’est-ce que tu en penses ?
_Je sais pas, répondit l’autre en sifflotant. »
Iloan se renfrogna. Voila presque une heure qu’il expliquait ce qui le tracassait, et fils de l’aubergiste avait l’air dans les nuages. Pourtant il savait que ce n’était qu’une façade. Joey l’avait écouté, et avait quelque chose à lui répondre. Le jeune homme confirma cette certitude en prenant la parole, enfin décidé à lui dire ce qu’il songeait.
« Tu sais, Iloan, cette fascination pour Kielle ne te mènera nulle part.
Elle a un travail au château, vit au contact de la noblesse, et elle est haut placé sur la liste de prétendantes du Prince Orméo. Tu te fais du mal. »
Les yeux du petit aveugle s’emplirent de buée.
« _Peu importe, Joey, je ne laisserais pas faire ça. Elle… elle est spéciale, je le sens. Il y a quelque chose en elle, qui la distingue de tous ces gens. Et Orméo… il lui fera des infidélités sans frémir, avec toutes celles qui lui
tournent autour !
_Ah ! Ah ! ricana l’autre. Quel Prince ne fait pas d’infidélités à sa femme ? Ce sont les recoins sombres de la noblesse !
_Moi je ne lui en ferais pas…
_Toi, tu n’es pas Prince, Iloan. »
L’enfant des rues baissa la tête.
« _Ecoute gamin, continua Joey. Je te comprends tu sais. Mais dis-toi bien une chose : lorsqu’Orméo proposera à Kielle de devenir sa femme, ce qui ne saurait tarder ; elle ne pourra pas refuser. La famille Royale d’Alderàn
est sa famille, elle leur doit la vie, et elle ne pourra pas se permettre de
décliner cette offre, qui sera prise par la population comme un véritable don du ciel. Tu ne peux pas lutter. Il aurait fallu que Kielle soit dans tes bras avant qu’Orméo ne s’en approche de trop près. Mais c’est impensable, même pour ça, le Prince est le meilleur. »
Le voyou se leva, un sourire d’excuse sur les lèvres, et quitta la grange, laissant le petit Iloan seul.
Ce dernier était pensif. Il se morfondait dans les paroles de son ami.
Orméo était le meilleur, et Kielle prise à un piège invisible par la famille Royale. C’était foutu. Il ne pourrait jamais s’opposer à Orméo. Le défi était trop rude. Défi… Une lueur d’espoir illumina ses pensées.
Ce soir, il défierait le Prince, voila, telle était la solution.
Ce soir, il devait se débrouiller pour faire subir à Orméo sa première défaite.
Le problème, c’est qu’il ne savait absolument pas comment…
*
La nuit était sur le point de tomber, et les villageois arpentaient les rues en masse pour se rendre à la fête. Sur la Grand Place, des lumières avaient été installées en quantité.
Les orchestres jouaient des morceaux d’ambiance, et de longues rangées de tables étaient alignées, annonçant un succulent festin.
Des serveurs commençaient à tourner dans les allées, proposant chopes de bière mousseuse à souhait et vins doux à l’odeur onctueuse. Sur les tables seuls les verres étaient présents, mais on ne tarda pas à y ajouter les bouteilles de vin, d’un cru qui aurait fait saliver les plus difficiles.
La grande maison au coin de la Grand Rue faisait office de cuisine géante.
On voyait des hommes s’affairer en nombre, et le fumet qui en ressortait était divin. Nul visiteur n’aurait manqué de deviner que cet évènement était le plus important de l’année.
De nombreuses célébrités étrangères avaient été invitées, notamment le grand marchand Hulio et les gouverneurs de la ville portuaire d’Alimia, leurs voisins d’outre-mer.
A l’abri d’une ruelle adjacente, Iloan attendait de percevoir l’arrivée d’une personne importante à ses yeux.
Il se demandait qui passerait le premier près de cachette.
Lyla qui aurait fini de répéter ?
Ou peut-être Joey quand il aurait fini de revendre de la drogue ?
Peut-être bien le vieux Bernie, qui s’amènerait à la fête en compagnie de Gapy, son gentil toutou.
Iloan se perdait dans ses pensées lorsqu’un choc l’en tira soudainement.
Il y eu un bruit de chute, et un gémissement.
Iloan, sonna, reconnut une voix féminine.
Il s’avança vers elle.
« Désolé de vous avoir fait tomber. Rien de cassé ? »
La femme, qui était une jeune fille se releva tant bien que mal.
« Non désolé, c’est moi, je ne regardais pas où j’allais.
Je ne vous ai pas blessé au moins ? »
Iloan fit signe que non d’un mouvement de tête.
« Oh mince, j’ai éparpillé les cailloux que m’a offert le marin ce matin… il dit qu’ils portent bonheur… »
Iloan s’approcha.
« Je vais vous aider à les retrouver. »
Elle se baissa et ramassa les pierres qu’elle voyait.
Le gamin des rues fit de même, mais sa main tâtonnait, cherchant sur le sol au hasard.
La jeune fille l’observa, puis ajouta d’un air contrit :
« Vous êtes aveugle ? »
Il acquiesça. Ils continuèrent à chercher, et l’espace d’une seconde, lors de ses mouvements hasardeux, la main d’Iloan effleura celle de la jeune fille. Ce fut la seule confirmation dont il eu besoin.
Avec ce simple contact et ce parfum, il en était certain.
Cette fille à ses côtés, c’était Kielle.
To be continued...
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Slup -
posté le 09/03/2010 à 13:20:18 (3049 messages postés)
| | pas eu le courage de lire
sinon bonne continuation !!
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